L
ondres est en effervescence. Tandis que l’intelligentzia de la capitale s’ébahit devant Lord John Arthur Livingstone qui fut élevé par des singes dans sa prime jeunesse, des femmes de petite vertu succombent les unes après les autres sur les bords de la Tamise. Coïncidence fortuite et troublante, faut-il voir une relation entre le tueur qui hante les bas fonds de la capitale anglaise et le jeune aristocrate anglais ?
Philippe Bonifay sait habilement éviter les pièges. Le Roi des Singes aurait pu être une nouvelle adaptation du Tarzan d’Edgar Rice Burroughs ou bien encore une énième variation du « bon sauvage » si cher à Jean-Jacques Rousseau, or il n’en est rien ! En interprétant, plus que librement, une œuvre d’Albert Robida, le scénariste de Zoo aborde de manière très personnelle l’éternelle question sur la nature de l’Homme. Loin des clichés, avec une approche narrative basée sur le flashback, le scénario se structure autour de deux histoires parallèles mais indissociables.
D’un côté, celle d’un enfant abandonné, recueilli par des orangs-outangs, que la civilisation rattrape et essaye de formater ; de l’autre, celle de l’homme qu’il est devenu et qui lutte pour exister dans la jungle de l’aristocratie londonienne. Mais Philippe Bonifay sait aller au-delà de cette simple dualité en intégrant à son scénario, la passion d’une jeune femme à la beauté diaphane et une série de meurtres qui sonnent comme un avertissement. Ainsi, au fil des pages, dans un découpage qui parfois superpose jusqu’à trois séquences différentes, le lecteur avance progressivement dans l’album, attentif à chaque détail, appréciant chaque dialogue, découvrant un récit captivant où s’entrelacent sensualité et brutalité, violence et douceur, grandeurs et bassesses, d’un monde qui se dit civilisé, afin de mieux oublier sa part d’animalité. Pour assumer un tel scénario, il faut un dessinateur qui puisse en sublimer la richesse en mettant sa technique au service de l'émotion. Plus qu’une longue et fastidieuse description, il suffit dès lors de regarder chacune des planches pour s’apercevoir de la puissance narrative et de l’expressivité du graphisme de Fabrice Meddour dont le point d’orgue reste la troublante sensualité d’Enora particulièrement mise en lumière et en valeur par Stéphane Paitreau.
Un album prenant et complexe qui s’intéresse superbement à l’animal qui sommeille en nous.
Excellent. De bout en bout.
Ce n'est pas Tarzan, loin de là ...
Scenario très bien ficelé et dessin sublime.
Une athmosphère trèèèès victorienne.
J'ai adoré les 2 tomes.
Derrière les superbes planches d'un Fabrice Meddour très en forme et fort bien accompagné à la couleur, un scénario volontairement tortueux, déstructure, erratique mêlant les périodes, les narrations, posant des bulles de texte en décalé sur d'autres images et créant des visions souvent fort belles mais fort cryptiques. Il en ressort une belle impression esthétique, un peu sexy, où l'on saisit difficilement d'où on part et où l'on va. Sur seulement deux tomes il est un peu embêtant de perdre ainsi son lecteur. Dommage.