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mma Doucet a mauvaise mine. Elle ne ressent plus le besoin de se nourrir ni de dormir. Si l'insomnie et la perte d'appétit sont assez fréquentes à son âge, un teint qui vire de plus en plus au verdâtre est moins ordinaire, tout comme les nuages de mouches qui l'entourent et qu'elle a du mal à repousser. Depuis sa chute d’escabeau de l'autre nuit, elle dépérit... À moins qu'il faille dire, depuis la chute d'escabeau où elle périt, elle se sent différente... Que s'est-il passé dans la vie d'Emma Doucet ?
Nouvelle franche réussite pour Hubert qui expose les jours suivants le trépas d'une vieille dame en apparence ordinaire pour mieux dérouler l'existence d'une femme de caractère. À mesure que l'enveloppe de son héroïne se décompose, le scénariste en profite pour recomposer les moments charnières de son passé. Le prétexte d'une mémoire défaillante qui les exhume par bribes ou épisodes permet de s'affranchir avec malice de toute envie de chronologie. Au gré d'allers–retours entre un passé révolu et un présent forcément transitoire, Emma se souvient des instants, évoque les gens de son entourage pour mieux définir sa personnalité : à dix-sept, trente, cinquante ou quatre-vingt-dix ans, cette femme-là ne saurait se satisfaire de sa condition (sociale et aujourd'hui physique) ou du fait qu'on choisisse ou décide pour elle. L'« habillage » zombie, la couverture de l'intrigue policière ou la restitution d'une ambiance villageoise au cœur d'intrigues propres aux petites cités sont indiscutablement des atouts pour conférer humour et fantaisie à l'ensemble sans étouffer l'essentiel, le portrait d'Emma.
Pour le tracer au détour de l'évocation des décades vécues par la rousse volontaire au nez aiguisé, le choix de Zanzim, déjà aux côtés d'Hubert pour Les yeux verts et La sirène des Pompiers, s'impose comme une évidence. Avec Tanquerelle (Le legs de l'alchimiste), les Kerascouët (Miss Pas Touche) et donc Zamzin, l'idée même qu'il existe un style de dessinateur approprié ou développant un style graphique ayant un "air de famille" pour donner vie aux histoires du scénariste n'est peut-être pas si incongrue. Ici, pour empêcher la mort qui plane au-dessus des têtes d'éclipser la pétulance du récit, le dessinateur exclut toute notion de rigidité de sa palette pour imposer l'étonnante faculté des protagonistes à éructer, protester, implorer ou encore être surpris.
C'est ravi et revigoré (ce que le titre ne laissait pas présager) que la lecture de la première partie de Ma vie posthume s'achève. Dans l'attente de découvrir le second, Anisette et formol, c'est bien du côté des meilleurs Poisson pilote que risque de se voir rangé ce Ne m'enterrez pas trop vite. Rangé, oui, pas enterré.
C'est typiquement le genre de Bd que j'apprécie. L'histoire est décalée comme il faut, l'humour est léger mais omniprésent, tout ça entremêlé de poésie, d'un soupçon de cynisme et d'une pointe de mélancolie. Et les personnages sont parfaits car extrêmement attachants. Le dessin malicieux pourra peut-être surprendre mais il est parfaitement adapté au ton de cette série. Bref, c'est vraiment bien.
Quel plaisir à la lecture de ce tome 1 ! Le dessin bien qu'imparfait est agréable. L'hsitoire est prenante et très bien construite.
Quel plaisir que de retrouver les petites ambiances auxquelles nous a habitué Hubert dans ses différentes séries. C'est frais, c'est plein d'humour et juste assez décalé pour accrocher le lecteur sans le perdre. Sans oublié bien sûr un petit côté acidulé, un zeste de cynisme pour agrémenter le tout. Il sait rendre ses personnages très attachants en quelques pages seulement car ils sont pleins de petites aspérités en creux et en bosses qui les rendent plus vrais.
C'est aussi un vrai plaisir de retrouver le dessin de Zanzim, qui avait déjà dessiner La sirène des pompiers, dont le trait s'accorde à la perfection aux ambiances du récit.