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U n paquebot fend les flots de l’Atlantique. À son bord, Stefan Zweig et sa seconde épouse, Lotte, ont quitté New York pour se rendre au Brésil, où le président Vargas a annoncé qu’il accueillerait avec plaisir les Juifs d’Europe forcés à l’exil. Le couple y trouvera-t-il l’apaisement qu’il recherche ? Lotte, elle, veut y croire et s’extasie des beautés de Rio, de la tranquillité et de l’exotisme de Pétropolis, où elle réside avec Zweig. L’écrivain, lui, tout en se penchant sur son dernier roman, ne peut s’empêcher de suivre les échos de la guerre et des horreurs perpétrées dans son pays d’origine. Les nouvelles, toujours plus mauvaises, ainsi que le souvenir douloureux des autodafés et des actes antisémites nourrissent son désespoir. Jusqu’à quand tiendra-t-il avant de sombrer totalement ?

Le 22 février 1942, Stefan Zweig se donnait la mort à Pétropolis au Brésil, en avalant des barbituriques ; sa compagne l’accompagnait dans l’au-delà, ne pouvant se résoudre à vivre sans lui. Il mettait ainsi fin à huit ans d’errance, après avoir quitté une Autriche qui se laissait déjà aller à la tentation nationaliste et xénophobe sur le modèle de son voisin allemand, où Hitler avait depuis peu accédé au pouvoir. Ce sont les quelques mois passés au Brésil, où l’auteur autrichien avait déjà séjourné en 1936, qui font l’objet de cet album, version dessinée du roman éponyme de Laurent Seksik. Celui-ci assure lui-même le scénario de cette adaptation mise en image par Guillaume Sorel (Algernon Woodcock, Mâle de mer).

La narration est lente et plutôt linéaire. Elle s’attache davantage à transmettre au mieux un état d’esprit qu’à décrire les moindres faits et gestes de Stefan Zweig dans ces ultimes semaines. D’ailleurs, les événements sont peu nombreux. En proie à l’affliction, l’homme sort peu et, s’il rencontre quelques amis ou participe à quelques mondanités, poussé par ses proches et son épouse, ce n’est jamais de gaité de cœur. Ses pensées et ses préoccupations tendent vers l’Europe, les souvenirs qu’il en a, le déroulement de la guerre, les spectres des connaissances disparues à jamais. En peu de mots, tous percutants et incisifs, Laurent Seksik parvient à transmettre cette dépression profonde, cette amertume et cette tristesse qui affleurent à chaque page et contrebalancent terriblement la joie de vivre – envers et contre tout - d’une Lotte pourtant souffrante dans son propre corps (elle est asthmatique). Le graphisme élégant et émouvant de Guillaume Sorel fait le reste. Portant véritablement le récit et rehaussé par une mise en couleurs nuancée et d’une rare délicatesse, il confère une force encore plus vive ainsi qu’une intensité plus palpable au propos.

Grâce à cette alchimie pénétrante, à cet équilibre subtil entre le dessin et le texte, le lecteur est happé par cette histoire qui mélange savamment romance, testament et biographie, tout en rappelant, par petites touches discrètes mais pertinentes, le contexte de l’époque évoquée. Puissant et magnifique, Les derniers jours de Stefan Zweig est à découvrir absolument.

>>> Lire la preview

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
7.8

Informations sur l'album

Les derniers jours de Stefan Zweig

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 04/09/2020 à 23:25:37

    On découvre ce qu'a été l'exil brésilien de Stefan Zweig, un écrivain autrichien d'origine juive qui a dû fuir le nazisme. Ses ouvrages seront d'ailleurs brûlés par le régime d'Hitler.

    Malheureusement, le désespoir va le conduire à commettre l'irréparable en compagnie de son épouse bien-aimée. Et pourtant, le Brésil semblait une bonne terre d'accueil. Cependant, la presse ne sera pas tendre avec lui malgré ce qu'il a apporté. Il sera toujours suspecté comme un étranger. A la chute de Singapour prise par les japonais, il voyait la domination nazie sur le monde. Il ne voulait pas finir comme ses semblables en Europe. Néanmoins, on sent chez lui également une culpabilité de vivre quand d'autres meurent...

    Un petit détail m'a chiffonné. Visiblement, dès 1941, on savait ce qui se passait à Dachau d'après le témoignage d'un rescapé que l'on trouve au début de cette bd sur un paquebot en partance. Pourquoi les alliés par la suite n'ont-ils pas bombardé les camps de concentration ? J'ai toujours crû naïvement qu'ils n'avaient pas connaissance de l'horreur nazie ou seulement à la fin de ce conflit meurtrier.

    Cette bd nous apporte un témoignage sincère et mélancolique d'un couple qui cherche à fuir leur démon. C'est dommage de ne pas avoir gardé espoir car après 1942, les choses iront beaucoup mieux pour les alliés. Même au loin, la guerre a fait des ravages.

    la9emebulle Le 25/04/2018 à 22:21:47

    Je n'ai jamais lu de Stefan Zweig, c'est un coup de cœur que je défends dans ma librairie depuis sa sortie, j'aime le travail du dessinateur Guillaume Sorel, et sur ce récit, j'ai été transporté du début à la fin, de cet exil au Brésil de ce couple follement amoureux et cette fin qui m'a bouleversé dans l'écriture et ces silences, du grand art...

    Moka Le 12/05/2014 à 21:37:07

    Quelle oeuvre magnifique ! De Vienne à Rio, en passant par un clin d’œil new-yorkais, cette BD rassemble à elle seule bien des souvenirs de voyages pour moi. L’histoire du couple, bien que tragique, vient vous toucher en plein cœur. Le personnage de Lotte y est grandiose et fait presque de l’ombre au grand Zweig… Et que dire des planches finales qui ne seront pas sans vous prendre à la gorge et vous arracher quelques larmes…Une lecture merveilleuse.

    http://aumilieudeslivres.wordpress.com/2013/07/24/les-derniers-jours-de-stefan-zweig-sorel-et-seksik/

    Meuillot Le 05/03/2013 à 15:17:55

    Je viens juste de terminer cette œuvre adaptée du roman de L. Seksik (mais non lu). Ma première impression est qu'à mon sens, il faut avoir connaissance de certaines œuvres de Zweig (Le Joueur d’échec, Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, La Confusion des sentiments, Lettre d'une inconnue, pour ne citer qu'elles...), pour comprendre & apprécier cette BD à sa juste valeur...

    J'ai mis quelques temps à me plonger dans l'histoire. Peut-être notamment du au dessin quasi pictural de G. Sorel. Car paradoxalement à la beauté de ses coups de crayons, de ses couleurs, j'ai eu du mal (au début) à percevoir de quelconques expressions sur les visages des protagonistes (& surtout de Zweig). Comme si ils étaient étaient figés. C'était peut-être l'effet recherché mais ceci associé à une certaine lenteur du scénario (peu d'événements ou d'actions décrits) m'ont un peu fait peur...

    Passées ces quelques pages, j'ai soudainement compris qu'il fallait lire différemment cette histoire. Car ce qui importent les auteurs, c'est de nous faire ressentir l'état d'esprit dans lequel se trouvait Zweig. Lorsque l'on parvient à s'imprégner de ses émotions, On se retrouve "happé" par cette œuvre.

    Détresse, désarroi, désespoir, impuissance face à ce monde qui se trouve face à lui... autant de sentiments ressentis par cet homme qui le conduiront à ce geste inéluctable...
    Il avait pourtant cet amour, cette joie de vivre, à ses côtés (Lotte...). Mais cela n'a pas suffi...

    On pourra d'ailleurs être gêné (ou déçu) par ce comportement persuasif que Zweig aura envers elle pour qu'elle le suive. Mais chacun aura son propre jugement.

    Cette BD atypique ne laisse pas insensible. On en sort ému. Bravo aux auteurs.

    dorsetshire Le 23/07/2012 à 18:20:30

    Je termine cette bd qui illustre à merveille le spleen et le pessimisme constant du grand écrivain face aux évènements dramatiques qui secouent le monde.
    Magnifiques dessins dignes de véritables aquarelles (splendides vues du Brésil, représentations fidèles du Vienne d'avant guerre).
    Cette Bd plaira avant tout aux amateurs de Zweig évidemment.

    sulli Le 02/06/2012 à 13:25:05

    Il s’agit d’une BD dont le récit est à l’image du héro : sensible et élégant. Et sans vous révéler tout à fait l’histoire, Stefan Zweig avait le sens du tragique (sûrement un peu trop) !

    Les dessins sont tout simplement formidables. Certaines cases sont des tableaux que je serais même prêt à accrocher à la maison … si ma femme me le permettait.

    Sans aucun doute, une lecture à partager.

    http://bdsulli.wordpress.com/

    kergan666 Le 14/04/2012 à 20:30:36

    superbe et émouvant.
    une bd achetée essentiellement sur le nom de Stefan Sweig.
    très beaux dessins.
    un chef d'oeuvre à mon sens, mais il ne faut pas la lire dans un état dépressif.

    Hugui Le 11/04/2012 à 12:48:29

    Je ne connaissais pas Stefan Zweig et ses livres, je suis donc rentré dans cette bd sans à priori. En fait j'ai espéré pendant toute ma lecture, pris par ce spleen dans lequel sombrent les personnages, mais non il ne se passe décidément rien, jusqu'à la fin, qui est réellement la fin.
    En fait j'ai été mitigé pendant toute ma lecture, à la fois sur le récit et sur les dessins, qui sont eux aussi assez tristes, y compris dans leur description de Rio et de son carnaval, malgré une beauté formelle et la technique de l'aquarelle que j'aime bien.
    Au total même en reconnaissant les qualités de l’œuvre, je n'ai pas été conquis, peut-être par manque d’empathie pour les personnages dont je comprends les angoisses vu l'époque fort bien décrite, mais que je ne partage pas.

    BIBI37 Le 14/03/2012 à 21:31:16

    Tout simplement superbe.
    Belle adaptation du roman fidèle à ce que fut la réalité de cet écrivain à ce que je crois me souvenir.
    Bel hommage au Brésil aussi !!
    Et les dessins sont sublimes.
    Un sans faute.
    8/10.


    Mr Degryse Le 27/02/2012 à 16:07:47

    Ai fini Les derniers jours de Stefan Zweig chez Casterman :

    C'est la meilleure bd de ce début d'année pour moi (il faut dire que l'actualité n'est pas très riche). Tout d'abord, j'adore le dessin de Sorel. J'apprécie de le voir quitter les récits lovecraftiens (bien que j'adore le fils du grimacier). Il signe des planches d'une grande beauté formelle accentuée par de splendides couleurs qui rendent justice au brésil.

    Je n'avais pas lu le livre de Seksik dont cette bd est l'adaptation. Je ne peux donc que parler de mon plaisir de lecture et pas émettre de jugement sur la qualité de cette adaptation.
    Tout l'histoire peut se résumer au titre. Je pense que si on n' apprécie pas l'œuvre de Stefan Zweig on ne pourra pas apprécier cet ouvrage ( d'ailleurs aura t'on envie de le lire ?).
    Je trouve que le scénario fait bien ressentir le spleen si particulier de Zweig. L'ouvrage n'est pas particulièrement tendre avec lui. Son choix peut paraître d'une grande lâcheté. L'émotion vient du sort de cette jeune épouse qui par amour accepte de suivre son mari dans une voie ou elle va à reculons.

    Nous avons donc une belle histoire d'amour mais aussi la description d'une période dure pour les juifs ayant fui l'Allemagne nazie. Ils ont survécu mais toutes les horribles nouvelles de l'Europe les affectent au plus hauts points.
    Enfin, je n'avais qu'une envie me replonger dans l'œuvre de Zweig à la fin de la lecture de cette bd. Je pense que c'était aussi le but des auteurs. Pari réussi.

    Bref 85 pages de très bonnes lectures 4.5/5

    ps: Je pense cependant que cette bd pourra être un sommet d'ennui pour certains. On peut être hermétique à la beauté de cette oeuvre. Il ne s'y passe pas grand chose, la fin est connue etc.

    clochette 111 Le 25/02/2012 à 19:26:35

    J'adore l'oeuvre de Stephan Zweig, aussi j'avais envie de voir ce qu'il en était de l'adaptation du roman de Laurent Seksik par Guillaume Sorel.
    Il revisite les 6 derniers mois de la vie du couple (avec sa 2ème épouse, Lotte).
    J'ai été particulièrement touchée par le travail de Sorel qui restitue l'atmosphère de l'époque et sublime le roman, rempli de plein d'émotions, entre espoir et désespoir.
    Il s'agit d'un bel hommage à Stephan Zweig.

    ludouf Le 20/02/2012 à 15:18:08

    Les dessins sont vraiment très beau pour qui aime l'aquarelle.

    Quand au texte, si j'ai eu du mal a rentré dans l'histoire, j'ai fini par y rentré et dévoré la BD. La fin y est tout particulièrement magnifique (même si c'est une question de point de vue).