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’agent Robyn Slinger rejoint sa nouvelle affectation : le commissariat du 10e district de NEOPD et son coéquipier l’agent Jeff Smax dont le partenaire vient d’être abattu. L’ambiance est survoltée, le Tueur de la balance pourrait perpétrer une nouvelle série de meurtres, l’Oie fantôme continue à faire des siennes en titillant tous les fessiers qui passent et un nouvel homicide qui ne présage rien de bon vient d’être découvert. Robyn va sauter dans le grand bain plus rapidement quelle ne le pensait.
Où sommes-nous tombés ? Dans quel monde psychédélique veulent nous emmener Alan Moore et Gene Ha ? Ce sont les questions qui peuvent tarauder l’esprit à la lecture des premières pages de Top 10. Néopolis est une copie hypertrophiée d’un New York parallèle et uchronique, univers fantasmé où des policiers aux supers pouvoirs croisent des dealers hors normes, des gangsters surhumains, des fous sanguinaires génétiquement modifiés et autres extraterrestres. Ce lieu permet toutes les dérives portées par un cerveau génial capable de transcender une imagination déjà plus que fertile. Passé l’étonnement logique d’appréhension du contexte, la plongée dans la mégapole où le NEOPD tente de faire régner l’ordre est jubilatoire. Au-delà des personnages parfaitement calibrés, au caractère et au passé que l’on ressent crédibles et bien étayés, un soin particulier est apporté aux dialogues explosifs et aux réparties imparables dignes des plus grands spécialistes de la réplique verbale testostéronée.
Difficile de ne pas s’extasier face à la maîtrise des situations ouvertement créées pour mettre les protagonistes en position délicate. Il en résulte des échanges augmentés du poids du vécu des personnages qui transpire par tous leurs pores. Top 10 a plus de dix ans d’âge et n’a pas pris une ride. Le dynamisme du dessin de Gene Ha impulse un rythme effréné au récit avec force effets spéciaux venant d’êtres qui paraissent, de prime abord, normaux. Cette ambivalence, ordinaire/extraordinaire, est parfaitement rendue et imprime un souffle épique à un récit complètement déjanté.
La réédition de cette série décalée, récompensée par l'Eisner Award de la Meilleure Série 2001, par le nouveau label Urban Comics des éditions Dargaud permet la mise en lumière du travail d’Alan Moore interrompu trop tôt, après seulement douze épisodes. Très loin d’être une œuvre de seconde zone, Top 10 mérite largement sa place aux côté des séries majeures de cet auteur anglais.
Je n'ai pas trouvé cette série aussi top que cela. Je suis même un peu déçu. Certes, il y a un univers assez singulier qui est développé. On croise par exemple des hommes à tête de chien ou de requin pour mener des enquêtes dans un futur improbable.
Au niveau du dessin, ce n'est pas non plus exceptionnel avec ces couleurs flashy et ce trait plutôt fade. A vrai dire, je recherche réellement ce qui a pu séduire autant de lecteurs.
Je me dis que pour l'époque, cela devait être novateur. Franchement, j'avoue avoir lu bien mieux. Les thématiques par exemple ne sont point originales. Il y a même des incohérences dans la construction du récit si on y regarde de plus près. Même les dialogues nous saoulent avec constance.
Il reste que le nom d'Alan Moore attire de nombreux fans. Mais si vous faites abstraction de son nom pour une lecture à l'aveugle, sans doute votre perception sera différente.