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ltime volet de la trilogie de l’Extravagante comédie du quotidien - titre on ne peut plus approprié pour décrire cette série -, Le dernier homme conclut l’entreprise d’exploration des mœurs contemporaines entamée avec Les Poils et prolongée par C’est comment qu’on freine ? Après un premier volet relatant l’usure du couple établi, un second détaillant les prémices de la vie commune, Grégory Mardon recule encore d’une étape en auscultant cette fois-ci le stade de la rencontre amoureuse.
Jean-Pierre, trentenaire parisien et timide invétéré, désespère de trouver l’âme sœur : il est tout aussi incapable d’aborder une femme qui lui plait, que de réagir lorsque une occasion inopinée s’offre à lui, le laissant alors plein d’amertume et de regret face à la solitaire consolation du cyber-porno. En désespoir de cause, il se met un jour à glisser subrepticement des billets doux aux belles de circonstances, offrant ses coordonnées et promesses de rendez-vous… Contre toute attente, les réponses affluent, les candidates se pressent, les opportunités foisonnent, le héros ne sait plus comment faire face à ce choix devenu trop vaste.
D’aventures éphémères en romances d’un soir, c’est toute la gent féminine dans sa diversité qui défile sous le crayon de l’auteur, dont l’affection envers ses personnages est manifeste, dans le texte comme dans les images. Le Paris dessiné par Grégory Mardon est plein de légèreté, coloré, un printemps permanent semble y régner, l’insouciance y triomphe, la ville s’avérant peuplée exclusivement de jolies femmes - hormis l’une des séquences finales où apparaissent un mari jaloux et Cyril, le motard de l’opus précédent et ami du héros -. Plusieurs scènes fantasmagoriques dévoilant les rêves de Jean-Pierre ajoutent encore à la fantaisie de cette comédie sentimentale débridée.
Cette fable moderne autour de la séduction, ce ballet permanent joué par les cœurs sensibles, analyse avec humour et tendresse les tourments étreignant les âmes câlines. Bien que moins profonde que certaines œuvres antérieures, le talent d’observation de l’auteur et la finesse de son propos touchent une nouvelle fois juste, pour conclure sur une note joyeuse cette trilogie galante.
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