31 juillet 1944. Antoine de Saint-Exupery s'envole de Borgho, en Corse, pour ce qui sera son dernier vol de reconnaissance. Il est pris en chasse par deux avions allemands. Au fil des minutes, par bribes, sa vie affleure à la surface de sa mémoire: son amitié avec Jean Mermoz, autre héros de l'Aéropostale, sa rencontre à Buenos Aires avec la belle Consuelo qui deviendra sa femme, les missions en Afrique du Nord, l'accident d'avion dans une tempête de sable en plein désert où il a failli mourir déshydraté, la guerre d'Espagne.
Comme le dit Umberto Ecco dans sa préface, Hugo Pratt et Saint-Exupéry étaient amenés à se rencontrer. En effet, ces deux artistes d’exception partageaient deux passions : le goût pour l’écriture et celui pour les voyages lointains. Et c’est dans ce lien entre création artistique et voyage au bout du monde, qu’Hugo Pratt est allé puiser son inspiration pour décrire le dernier voyage de l’aviateur-écrivain.
Saint-Exupéry écrivait-il pour voyager ou voyageait-il pour écrire ? Ecrivait-il afin de pouvoir voyager au-delà du temps et de l’espace ou voyageait-il afin de pouvoir disposer de nombreuses sources d’inspiration pour ses récits ? Sûrement les deux, nous répond Hugo Pratt, fort de sa propre expérience personnelle. Ainsi, durant les dernières minutes de sa vie, Saint-Exupéry voit s’entremêler l’imaginaire à la réalité, le passé au présent, ce dernier vol étant un condensé de ce que fût sa vie.
Hugo Pratt nous offre ainsi un récit intimiste qui nous fait pénétrer au plus profond de l’être de Saint-Exupéry. Servi par un dessin d’aquarelle si typique du maître italien, ce récit est peut-être un des hommages les plus poignants que l’on ait jamais rendu à cette légende de la littérature française qu’est Saint-Exupéry. Paru en 1995, cet album profite d’une réédition, agrémentée d’une préface d’Umberto Ecco et d'une interview d'Hugo Pratt.
Une belle réédition pour une belle oeuvre. Il serait dommage de ne pas en profiter.
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