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Démon (Nolane/Suro) 1. Le Mal des esprits

16/04/2012 5564 visiteurs 4.0/10 (2 notes)

E n 1213, quelque part dans l’Océan Atlantique, trois navires commandés accostent une île immense. Leur guide, Renato Polo, l’atteste : il s’agit de l’Atlantide. À terre, les marins découvrent des lieux majestueux mais déserts, des rues jonchées de cadavres et d’objets en or. Sur les hauteurs de la cité, une imposante pyramide suscite la curiosité. Deux ans plus tard, Alaric de Rhedae revient chez lui après une formation à Toulouse pour devenir Missus Dominicus. Sur la route, il a croisé de nombreux malheureux frappés par un mal mystérieux les poussant aux portes de la folie. Arrivant dans sa ville natale, il ne tarde pas à apprendre que l’épidémie y sévit également. Pire, elle contribue à attiser la méfiance et la haine, en particulier contre les Juifs et les cathares, accusés d’en être la cause. Bien que sa propre sœur soit à son tour touchée, Alaric ne peut s’attarder et doit se rendre en urgence à Carcassonne pour élucider un crime sordide. Au même moment, à Rome, le Pape décide d’organiser un concile bien étrange.

« Et si l’une des grandes religions n’avait jamais existé ? » Drôle d’accroche en quatrième de couverture, même pour annoncer une uchronie, d’autant plus que d’autres éléments – principaux, eux – de l’intrigue auraient pu être tout aussi percutants et plus révélateurs du contenu. Il faut sans doute voir, dans ce choix, une volonté de souligner à l’envi le caractère fantastique de la série qui, si elle s’ancre dans un décor bien réel et se rapproche d’une époque connue, a dévié de la route de l’Histoire officielle pour emprunter d’autres chemins. C’est le principe du genre et il est bien utilisé par Richard D. Nolane qui prend soin de rassembler les ingrédients nécessaires pour reconstituer, différemment (la dose de fabuleux), l’atmosphère d’un certain Moyen-Âge. L’idée d’un Saint Empire Frank hérité de Charlemagne, d’un royaume wisigoth en Espagne, d’une avancée des Mongols jusqu’en Palestine est plutôt bien trouvée. De même, les références à une épidémie mystérieuse, aux cathares et à l’antisémitisme latent sont évocatrices.

Tout irait bien si le récit s’avérait moins prévisible. En effet, sans trop extrapoler quant au passage sur l’Atlantide et à ses possibles conséquences, le reste est dépourvu de suspense. Ainsi, la maladie touche le héros au plus près ; l’homme accusé du meurtre qu’Alaric doit élucider est proche de quelqu’un qui pourrait en savoir long sur l’origine du « mal des esprits » ; comme par hasard, il disparaît un peu trop à propos, etc. Par ailleurs, les protagonistes manquent de caractère et d’envergure, lorsqu’ils ne sont pas carrément caricaturaux, comme l’inquisiteur Mazer. C’est dommage, car quelques nuances auraient pu donner du relief au propos et maintenir l’intérêt pour un album dont la lecture est pourtant facilitée par une narration relativement fluide. Côté dessin, la déception est aussi de mise, car, si le trait de Robert Miso n’a rien de désagréable et s’avère expressif, il n’enthousiasme pas vraiment. La faute, peut-être, à un moindre dynamisme du découpage et des cases ? La mise en couleur de Facio, elle, est honorable, sans plus, et démarque au moins clairement les flashback du reste en recourant à des tons sépia.

Le mal des esprits est un tome de présentation qui se laisse lire mais s'oublie presque aussi vite. On ne s'y attardera guère.

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
4.0

Informations sur l'album

Démon (Nolane/Suro)
1. Le Mal des esprits

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L'avis des visiteurs

    mome Le 05/04/2012 à 23:11:26

    Richard D.Nolan (scénariste de la série Millénaire) nous entraîne dans série médiévale-fantastique. Le lancement est efficace puisque l’on suit un groupe de navigateur qui découvre l’Atlantide. Trois d’entre eux sont témoins (victimes ?) d’un phénomène dont on ne sait rien. On enchaîne ensuite quelques années plus tard dans une Europe ravagée par une mystérieuse épidémie dont l’ampleur commence à avoir des répercussions politico-religieuses et sociales (chasse aux sorcières, accusation des minorités). On va suivre les pas d’un Missus Dominicus (envoyé de l’empereur, chargé d’enquêter et de rendre la justice ; fonction qui a réellement existée du temps de Charlemagne). Et c’est là que les choses se gâtent.

    En effet, si le début est plutôt accrocheur, l’histoire tombe vite dans un classicisme certes sans réel défaut mais qui peine à accrocher. La narration reste plutôt plaisante, le rythme est vif, les évènements s’enchaînent rapidement mais sans surprendre, voire même en utilisant des poncifs comme quand notre jeune héros se « dégotte » manifestement une future aide en la personne d’une jeune et jolie jouvencelle. Et comme en plus le choix de l’action se fait au détriment de la définition des personnages…

    Le dessin colle malheureusement au récit : agréablement classique mais trop neutre, trop lisse. Il caractérise bien l’époque au travers des décors ou des costumes mais est plus imprécis sur les visages. Pas de défaut majeur, pas de quoi s’enthousiasmer et compenser la tiédeur du récit.

    Espérons que ce caractère trop lisse ne nuira pas à l’avenir de cette série dans un contexte où les premiers tomes ont du mal à s’imposer, car la lecture est loin d’être désagréable et on ressent un réel potentiel pour nous offrir une aventure plus trépidante.