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erché sur sa ligne téléphonique (autre époque, autre paysage), seul, le corbeau se perd en considérations, désabusé et sarcastique. Il fut membre d’un clan puissant, il n'est plus rien, l’amour l’a brisé en plein vol. Tragique destin ; ce ne sera pas ici le seul.
La boîte à bulle réédite cet album initialement paru en 2004, en noir et blanc, chez La comédie illustrée. La présente édition propose une version colorisée du dessin de Jean-Christophe Pol. Si ce choix offre un rendu plus moderne, fait d’aplats essentiellement sombres qui s’accordent plutôt bien avec l’atmosphère cafardeuse du récit, il n’était cependant pas indispensable. L’apport réel du coloriste, Vallade, se situe peut-être davantage dans les trois planches pleine page qu’il est venu déposer dans le livre, comme pour marquer à chaque fois une cassure, une pause contemplative. Histoire absurde et surréaliste, un rien bordélique aussi, il est nécessaire de baisser sa garde pour accéder au caractère dramatique de ce qui raconté.
Si Jean-Christophe Pol dispose de plusieurs cordes à son arc, il en est une qu’il affectionne particulièrement quand il est en roue libre, c’est sonder les tréfonds de l’âme et sa noirceur. Le chant du corbeau a ouvert chez lui la voie dans ce domaine, mais c’est sans doute avec son triptyque Une âme à l’amer qu’il s’en est le plus approché pour l’heure.
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