D
otés d'un père alcoolique et violent et d'une mère silencieuse, Niko et Ivan ne connaissent pas une jeunesse très heureuse. Si le premier ne s'en tire pas trop mal, grâce à une certaine inclinaison pour les études, la donne est différente pour le second. La situation lui est intenable. Entre frères, il faut savoir se tenir les coudes, Niko saura-t-il retenir le bras d'Yvan ?
Tous les éléments traditionnels du drame familial semblent s'être donnés rendez-vous dans Je suis le gardien de mon frère. Le récit, découpé en deux époques (adolescence et âge adulte), est naturellement centré sur les deux frères dont Pierre Makyo (Inversion, Prédiction) propose des portraits psychologiques très poussés. Ces héros, les deux faces d'une même pièce en fin de compte, restent malheureusement glaciaux, comme figés dans leurs rôles tout au long de la narration. Si le lecteur peut éprouver de la pitié pour eux à cause de leur situation difficile, il ne ressentira que peu d'empathie tant ces jeunes hommes restent lisses et immuables face à l'adversité. De plus, la lecture n'offre que très peu de surprise. Le scénariste essaye bien d'enrichir et d'élargir son propos avec de nombreuses citations d'auteurs célèbres, mais la trame, collée à sa ligne directrice, manque drastiquement d'originalité.
Liu Wei, auteur chinois dont il s'agit du premier album en Occident, illustre cette histoire d'une manière très bien adaptée au ton général du scénario. Même si ce dernier n'offre guère de diversité au niveau des séquences, le dessinateur arrive, grâce à un trait d'une finesse extrême, à capter les états d'âme des différents protagonistes. Par contre, sa mise en couleur, immanquablement sombre, a tendance à plonger toutes les atmosphères dans la grisaille, aussi bien à l'intérieur qu'à l’extérieur.
Trop monolithique dans son approche et n'osant pas sortir des sentiers battus, Je suis le gardien de mon frère n'est guère convaincant.
Niko et Ivan sont frères mais ils se détestent. En effet, l'un est le fils parfait, tandis que l'autre reçoit quotidiennement les coups de son père. Nous avons droit à un beau récit sur la vie et les relations de deux frères qu'un lourd secret oppose à jamais. Quel est donc ce secret qui leur pourri la vie ?
Le récit va se découper en deux époques bien distinctes où l'on suivra le parcours de ces deux frères de l'enfance à l'âge adulte. On aura droit à une histoire de secret de famille d'une grande richesse car l'auteur ira jusqu'au bout dans un final plutôt révélateur qui répondra directement au titre de cette oeuvre.
Pour illustrer son récit, Makyo a fait appel à un dessinateur chinois qui parvient à faire ressortir la noirceur du récit dans un style graphique épuré et minimaliste. Il est dommage que le format choisi par l'éditeur soit la version poche mais compact. Au final, une oeuvre dramatique sur les liens du sang et leur puissance étrange et violente...
Une histoire plaisante sur deux frères que tout oppose. Il est juste dommage que le carnet noir de Niko à la fin face doublon avec une bonne partie de la BD, peut être aurait-il été plus intéressant d’avoir celui d’Ivan. Pour le reste voilà une BD de bonne facture.