E
n cette fin de XIXème siècle, Paul Delisle débarque au Congo à la recherche d’un père qui a fui la Belgique pour trouver refuge au milieu de la jungle. Mais l’Afrique et les exactions liées à l’exploitation de ses richesses ne peuvent laisser insensibles le jeune séminariste et les hommes de bonne volonté qui, une fois revenus à la civilisation, n’auront de cesse de dénoncer ce qu’ils ont vu et vécu… pour peu que la possibilité leur en soit laissée !
Bien qu’il s’inscrive dans un contexte colonial, Africa dreams ne se situe pas dans la même veine romanesque qu’India dreams puisque le thème choisi par Maryse et Jean-François Charles est beaucoup plus dur ; ici, plus question d’histoires sentimentales au pays des sūtras, mais de la mise à sac méthodique d’une région au profit d’un seul individu, roi d’outre-Quiévrain de surcroit. Ce deuxième album s’avère également plus européen que le précédent dans la mesure où, nécessité oblige, la divulgation des agissements outranciers des employés de l’EIC implique un relais auprès de l’opinion publique du Vieux Continent. Ainsi, après quelques missionnaires protestants, le flambeau est repris par des hommes tels l’Anglais Edmund Dene Morel ou l’Irlandais Roger Casement.
Africa dreams appartient à cette catégorie de séries qui, par le biais de pages agréablement mises en couleur, font prendre conscience de faits historiques pour le moins ignorés (du moins en France). Si un semblant de parti pris peut transparaître, le supplément de l’édition du premier tome a l’intelligence de revenir sur le contexte en montrant l’ambigüité des motivations de l’époque pour qui la colonisation était avant tout une aventure commerciale européenne dont le (seul) but était d’offrir aux pays colonisateurs richesses et puissance.
Quoiqu’il en soit, cet album au réalisme saisissant et aux couleurs directes judicieusement exploitées par Frédéric Bihel, sait créer une atmosphère pesante et lourde, comme peut l’être le climat équatorial ou… le malaise suscité par ce capitalisme outrancier !
Série "Africa Dreams" est d'une grande qualité, les graphismes sont particulièrement bons, les couleurs les renforçant bien. Du point de vue scénaristique, ce n'est pas mauvais du tout. On ne baigne pas dans l'originalitée absolue, ni dans l'exceptionnel, mais on se laisse facilement envouter et on tombe sous le charme pour finalement passer un moment fort agréable
Dans le premier tome, Paul jeune séminariste belge rejoint une des missions au Congo en vue d'évangéliser les populations et rechercher son père. Ce dernier va le sensibiliser aux monstruosités faites par les colons pour la récolte du caoutchouc.
Dans cet album, apparaît un journaliste anglais:Edmund, qui essaye de faire prendre conscience aux européens de ce qui se passe. Ici, on est en plein coeur des intérêts coloniaux avec la cruauté extrême, mais aussi les luttes contre ces phénomènes.
Bihel a su traduire le très bon scénario de Maryse et JF Charles sur la douleur et la dureté de cette époque coloniale par un dessin et des couleurs pleins d'humanisme.
Suite du très beau premier tome "Africa dreams". Le scénario prend une direction différente et fait des aller-retours entre l'Afrique et l'Europe. On s'éloigne de l'histoire personnelle du héros qui apparait plus comme un prétexte à la dénonciation de la colonisation. Ce tome 2 est plus centré sur la perception en Europe des crimes commis dans les colonies. Il décrit le conflit entre "capitalistes" en haut-de-forme d'un côté, motivés uniquement par le profit, et de jeunes idéalistes qui tentent de sensibiliser l'opinion publique sur les méfaits de leurs dirigeants. On devine bien que le combat n'est pas gagné d'avance. Le scénario prend une tournure plus politique, l'Afrique mystérieuse et envoûtante s'éloigne.. les vrais enjeux de ce récit se mettent en place.