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’aube d’un jour sinistre s’est levée sur Nym-Bruyn, dont les souverains ont été sauvagement tués par la monstrueuse créature née de l’inceste des derniers descendants de la Branche morte. Alors que les grands serviteurs du palais organisent les obsèques et le couronnement d’un prince héritier sous le choc, Weëna et ses compagnons, réfugiés dans la ville basse, envisagent d’en profiter pour chambouler la donne et faire entendre la voix du peuple behr, récemment conquis. Au même moment, le sorcier Haggral et Morckoor projettent eux aussi de défier le successeur légitime pour s’emparer du pouvoir. Le jour de l’enterrement, l’affrontement est inévitable…
Placé sous le signe de l’ultime combat pour conquérir la couronne de Nym-Bruyn, ce dernier volet de Weëna clôt avec panache une série fantastique qui, au regard des précédents tomes, a maintenu tout du long une parfaite cohérence. Eric Corbeyran est, en effet, parvenu à dérouler son récit fantastique avec assurance et sans dévier de son fil, développant le caractère des nombreux protagonistes au fur et à mesure, les faisant évoluer et assurant parfaitement le dénouement de l’intrigue principale. Celle-ci, orientée autour des trois branches issues du couple fondateur du vaste empire imaginé par le scénariste, trouve toutes ses réponses. En revanche, le mystère reste presque entier en ce qui concerne les pouvoirs de l’héroïne, hérités de son lointain ancêtre mais incontrôlés, qui se manifestent là pour la seconde fois seulement. Seul l’épilogue témoigne à nouveau du désir de Weëna d’en savoir plus, préfigurant un deuxième cycle qui n’aura finalement pas lieu pour des raisons éditoriales, du moins pour le moment.
Par ailleurs, si chaque opus a vu la mise en avant d’un ou plusieurs protagonistes et préparé, par petites touches, la conclusion, certains d’entre eux, ainsi que quelques composantes, pourtant importants précédemment, ne sont finalement pas aussi exploités qu’attendus, ou traités un peu rapidement. S’il est possible de le regretter, cela correspond cependant, en partie, à l’évolution des événements et des acteurs, et permet d’apprécier les changements qui se sont opérés depuis le début de l’histoire. Eric Corbeyran qui, jusqu’ici, a largement pris son temps, continue dans la même lignée pour cet Affrontement. Car, bien que l’action, qui atteint son paroxysme dans un très beau duel, ne manque pas, elle n’est pas non plus précipitée pour les besoins du dénouement. Au contraire, la narration, fluide, s’avère parfaitement rythmée et déroule le récit sans heurt ni enchaînement abrupt.
Officiant au dessin et à la mise en couleurs - partagée avec Elsa Brants pour cette dernière -, Alice Picard livre encore une fois un somptueux travail. Depuis Atavisme qui ouvrait la série, son trait s’est modifié, gagnant en maîtrise, en rondeur et en douceur, mais ne perdant rien de sa touche féminine et délicate. Son travail se révèle extrêmement soigné et détaillé, en particulier quand il s’agit de vêtements et des parures. Une grande expressivité se dégage des protagonistes qui ont également légèrement évolué physiquement au cours de la saga, tout en restant parfaitement reconnaissables. Ainsi, outre les tenues que la dessinatrice se plait à changer au gré des saisons et des événements, elle leur offre régulièrement une nouvelle coupe, soulignant par ce biais le temps qui passe et les transformations psychologiques de chacun. Le découpage clair et dynamique, de même que la variété des cadrages sont autant d’atouts, tandis que la colorisation colle harmonieusement aux différentes atmosphères. Seul regret : le rendu par moments un rien trop brillant et saturé de certaines planches, notamment celles de l’épilogue.
Affrontement se révèle une parfaite conclusion pour une série qui aura su conserver une qualité et une cohérence constante. Si le lecteur quitte avec un pincement au cœur l'univers de Weëna, il pourra y revenir plus tard en découvrant le futur diptyque que les auteurs consacreront aux ancêtres de l'héroïne.
Une conclusion avec un épilogue qui laisse la place à une suite. Une suite qui, après plus de 10 ans, n'est toujours pas arrivée. Et ce n'est pas étonnant.
L'intrigue générale est originale et Corbeyran n'a pas peur de donner des tournures inattendues, voir à contre emploi de ce qu'on a l'habitude de lire. Simplement, ces situations ne sont pas vraiment emballantes (ou alors est-ce moi qui suis blasé?).
Une fin qui m'aura laissé un petit goût de trop peu.
La couverture de ce dernier tome est sublime. Elle fait écho à celle du premier tome. Dommage que le potentiel de la dessinatrice n'est pas été exploité pour toutes les couvertures de la série.
On retrouve les défauts du tome précédent dans le dessin et la couleur : un trait épais et des contrastes importants.
Le scénario surprend pour le plaisir du lecteur et l'épilogue ouvre de nouveaux horizons.
Au final, c'est une bonne série de high fantasy. Elle est inégale dans le dessin ou le scénario mais certaines planches sont très belles et oniriques. L'histoire est classique, les personnages évoluent lentement en 8 tomes et des questions sur l'univers demeurent sans réponse. Mais il y a un véritable plaisir à découvrir ce monde et à suivre Weëna et ses compagnons ... on espère un deuxième cycle.