L
a découverte de matières premières dans le sous-sol d’une vallée très reculée attire des businessmen sans scrupule. Si les autochtones et l’environnement font les frais de ces enjeux capitalistes, un aigle et un jeune Indien se mettent néanmoins en travers des plans visant à engloutir leurs terres sous les eaux.
Après une longue absence consacrée à la création de jeux vidéo, Benoît Sokal revient au neuvième art avec une trilogie qui rend hommage à la nature et aux grands espaces, tout en pointant du doigt les dérives d’une colonisation outrancière. L’action se déroule dans le Grand Nord, quelque part entre l’Alaska et la Sibérie, au sein d’un territoire sauvage où vivent les derniers représentants d’une réserve indienne. Malheureusement pour ces derniers, leur vallée est convoitée par plusieurs vautours attirés par l’appât du gain.
C’est au sein de cette ambiance qui n’est pas sans rappeler celle du Far West au temps de la ruée vers l’or, que le créateur du célèbre Inspecteur Canardo se concentre sur l’amitié qui lie deux personnages hors du commun. D’une part, un jeune autochtone animé par un sentiment de vengeance et personnifiant une population locale peu encline à céder aux convoitises de l'homme blanc, et de l’autre, un aigle géant qui règne sur le territoire et qui incarne cette nature hostile et indomptable. Grâce à des liens télépathiques chamaniques, le duo va développer une relation quasi fusionnelle et former un front commun face à l’envahisseur sans scrupule. Si cette union mentale entre les deux orphelins apporte un plus indéniable, la force de ce récit réside également dans la narration en voix-off de cet aigle qui exprime admirablement toute la puissance de cet environnement sauvage. Le deuxième volet de ce récit aux accents fantastiques qui dénonce la cupidité et la bêtise humaines est également l’occasion de mettre en avant plusieurs personnages secondaires hauts en couleurs, tels que le journaliste local, les ouvriers qui doivent construire le barrage ou la belle Emily qui ramène Yuma les pieds sur terre.
Graphiquement, Benoît Sokal propose un crayonné nerveux, rehaussé d’une colorisation directe de toute beauté. Proposant un dessin qui se passe volontiers de textes, il livre des paysages splendides, souvent recouverts d’une légère brume qui enveloppe le récit d’une atmosphère pesante. Des envols majestueux de Kraa aux décors somptueux, en passant par des protagonistes aux trognes particulièrement expressives, l’auteur livre un nouveau sans-faute visuel.
Reste à attendre la conclusion de cette saga qui, pour l’instant, tient toutes ses promesses.
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