D
ans la cité romaine d’Anetha, Myrkos est un jeune homme qui apprend le métier d’ornemaniste dans la prestigieuse Ecole des Arts de la Scola. Ce métier est en quelque sorte celui d’illustrateur, à ceci près que seules les représentations du Sacré sont autorisées. Et encore, selon des critères rigides et ancestraux. Myrkos est le plus doué, mais il est également dévoré par l’envie de dessiner tout ce qui l’entoure, et surtout il recherche la ressemblance avec le réel. Sans le savoir, il en train de découvrir la perspective, mais tous ne voient pas cela d’un très bon œil, à commencer par ses maîtres…
Aux côtés d’Asterix et d’Alix, il y a une place pour l’Antiquité dans la BD, Dargaud l’a récemment prouvé avec succès grâce à Murena. Avec une maquette –volontairement ? – très proche, l’éditeur cherche ici à renouveler l'expérience. Et comme c’est le très expérimenté Jean Charles Kraehn qui signe le scénario, on ne peut qu’être tenté de le suivre.
Le sujet est ici en apparence plus léger puisqu’il ne s’agit que de dessin, mais on devine que des enjeux autrement plus importants, tels que la question du progrès, de la liberté et même de la religion, vont pouvoir être abordés au travers de ce prisme.
Ce tome 1 est bien sûr essentiellement consacré à la présentation de l’ensemble mais il ne manque pas d’intérêt, notamment grâce à des personnages attachants et bien construits, et surtout grâce à ce sujet original : la découverte de nouvelles techniques de représentation. Tout repose sur le personnage de Myrkos qui est particulièrement réussi : talentueux mais rebelle, orgueilleux mais sympathique, sa fraîcheur est communicative ! Kraehn joue d’ailleurs beaucoup sur le registre de la fantaisie, peut-être trop alors qu’on pressent que le drame commence à se jouer en coulisses.
A l’image du héros, l’enthousiasme de Miguel au dessin est visible à chaque page. Comme nous le confirme la préface de Leo (exercice appréciable, trop rare en BD), il a mis toute son énergie dans ses planches. En dépit de quelques maladresses, notamment dans les mouvements, on ne peut que saluer l’exercice, relayé par des couleurs lumineuses. L’ensemble est d’ailleurs souligné par une couverture magnifique, l’une des plus belles parmi les parutions récentes.
Il ne reste qu’à espérer une suite qui ne se fasse pas trop attendre, et qui soit à la hauteur de ce premier volume particulièrement prometteur.
Myrkos est tout à fait le style d'histoire que j'aime bien. Je suis particulièrement attiré par le sujet : le dessin qui peut changer la perspective du monde. Par ailleurs, c'est original de réinventer un monde antique situé un peu entre la Grèce, l'Egypte et l'Empire romain.
La préface signée par Léo qu'on ne présente plus m'a quelque peu interpellé. Il raconte la singulière histoire de son compatriote brésilien Miguel de Lalor Imbirira qui est le dessinateur de la présente série. Il fait ses débuts en France avec cette série après quelques déboires. J'ai été surpris d'apprendre qu'un scénariste de renom l'avait totalement planté au beau milieu de son travail à cause d'une crise personnelle existentialiste.
Bref, il quitte son pays avec sa famille pour venir travailler et se retrouve le bec dans l'eau. J'aurais bien aimé savoir par simple curiosité de qui il s'agissait. C'est courageux de la part de Léo de dénoncer cela. Quand on fait un travail d'équipe, il faut aller jusqu'au bout. Le monde des auteurs ne doit pas tous les jours être rose bonbon comme on nous le présente allégrement. C'est plutôt le combat d'individualités prêtes à tout pour réussir.
Je vais faire sans doute encore hurler beaucoup de lecteurs en affirmant que le travail d'un dessinateur est quelquefois plus important que celui d'un scénariste dans une bd. Beaucoup de personnes peuvent s'improviser scénariste (à commencer par moi-même) et rechercher sur des sites le boy à tout faire qui illustrera leurs idées plus ou moins farfelues. Bien entendu, il y a les scénaristes de talents, ceux qui sortent du lot et qui sont unanimement reconnus.
Je souhaite en tout cas beaucoup de réussite à ce dessinateur qui le mérite. Son graphisme m'a tout de suite enchanté. Oui, il est dans de bonnes mains avec Kraehn qui nous livre un beau scénario sur le thème de la lutte contre l'obscurantisme et les traditions et pour le changement et la liberté d'expression. Je suis tellement attaché à cette liberté que je me reconnais dans le combat de Myrkos.
Je suis tellement déçu d'apprendre que cette série a été abandonnée suite à un échec commercial. Ce n'était absolument pas mérité.
Je reste sur ma fin , même si la BD se lit facilement justement c'est un peu léger , trop prévisible , et les dessins manquent de folie , de grandeur pour cette ville fantastique , sympa quand même