Château l'Attente 2. Volume II

A sile de celles et ceux qui n’ont nulle part où aller, Château l’Attente est en effervescence. Jaine Solander, la dernière arrivante et jeune maman, a décidé d’emménager dans la bibliothèque, au cœur de la forteresse désertée. Alors que chacun retrousse ses manches pour l’aider, Dayne et Tolly, deux Hammerlings de la famille d’Henry, arrivent en quête de vêtements pour une orpheline qu’ils ont adoptée. Leurs hôtes acceptent de leur fournir le nécessaire à condition qu’ils donnent un coup de main, en tant que spécialistes des ouvrages de pierres. Travaux d’aménagement et installation riment bientôt avec exploration des lieux et conversations à bâtons rompus.

Le lecteur sorti enchanté du premier volet de Château l’Attente aura dû ronger son frein pendant quatre années avant de pouvoir découvrir ce deuxième opus. Un temps suffisamment long pour que le souvenir de l’histoire s’estompe un peu, tout en conservant la sensation de plaisir ressentie, mais aussi pour que grandissent les espérances et que s’immisce la crainte d’une éventuelle déception. Alors, Laura Medley a-t-elle récompensé la patience de son public ? Dans l’ensemble, oui.

Reprenant son récit là où il en était resté, elle poursuit en narrant l’installation de Jaine dans la forteresse avec l’aide de ses colocataires. Ce faisant, elle développe et approfondit les relations entre les différents protagonistes, tout en en incluant de nouveaux, tout aussi intéressants. Alors que le précédent volume mettait surtout en avant la jeune maman et sœur Paix qui s’était vu consacrer un bon tiers de l’album, celui-ci s’attache aux pas de tous, sans plus de favoritisme. Un point positif assurément pour ceux qui avaient trouvé un peu longue la genèse de l’ordre des Sollicitines et les histoires de femmes à barbe. De plus, le lecteur retrouve ce ton amusé, cette imagination débridée ainsi que ce mélange si agréable de quotidien et de merveilleux qui avaient fait le succès du premier tome. En effet, la moindre action en apparence banale donne lieu à des échanges savoureux, de riches découvertes et des anecdotes charmantes dont certaines lèvent un pan du mystère entourant quelques personnages. L’origine de l’obsession du docteur pour la peste est ainsi dévoilée, de même que ce qui lie Henry et les Hammerlings, ou encore les amours de Dinah, la mère de Simon, le demi-géant. Le passé de Jaine est, lui aussi, abordé par bribes infimes à travers les réminiscences de son adolescence et de ses premiers émois. Néanmoins, l’énigme reste entière quant à la conception de Pindar et à son ascendance. Secret d’ailleurs encore épaissi par les soupçons de Tolly.

Rien ne manque à ce second volume, si ce n’est l’effet de surprise, la nouveauté qui avait conquis la première fois. C’est sans doute pour cela que l’enthousiasme s’avère légèrement atténué, en sus d’une moindre apparition des farfadets et autres esprits peuplant le château assurant jusqu’ici une part du comique. Enfin, graphiquement, comment ne pas se réjouir de retrouver le trait souple et quelque peu épaissi de l’auteure qui offre un découpage efficace, des cases soignées, une dynamique certaine et des visages expressifs.

Les trois cent soixante-dix pages de ce deuxième opus se lisent presque d’une traite, divertissent et amusent. Si quelques bémols sont à regretter, Château l’attente reste une mine de bonne humeur et de plaisir à déguster sans modération.

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>>> Chronique du tome 1