A
près deux tomes – Paul à la pêche, Paul à Québec - aux considérations très adultes, Michel Rabagliati replonge dans sa prime jeunesse pour Paul au parc. Sur fond de crise politique grave, le jeune héros éponyme, y découvre, dans le désordre : l'amour, la guitare, les joies du scoutisme et la bande dessinée.
Ce nouveau volume de la série était des plus attendus. Depuis le prix du public obtenu à Angoulême en 2010, Rabagliati s'est taillé une place de choix dans le monde du 9e Art. Autant le dire tout de suite, l'auteur ne déçoit pas ses lecteurs ! Ce livre se démarque, aussi bien sur la forme que sur le fond. Le Montréalais mêle très habilement sa petite histoire avec la Grande. L’incessant jeu de focale entre le train-train quotidien et les grands enjeux du moment rend le récit passionnant.
Déjà bien en place dans les opus précédents, la structure narrative s'affine encore. Paul au parc séduit et surprend au fil des pages. L'humour, toujours omniprésent (la vie familiale dans le double appartement est digne des meilleures sitcoms), est parfaitement dosé et répond précisément aux passages plus sérieux (les "challenges" rencontrés chez les scouts, le premier baiser). Comme à son habitude, le dessinateur décrit avec une grande tendresse tous ses personnages, particulièrement les chefs de la troupe. Véritables mentors du petit Paul, ces derniers sont dépeints avec une méticulosité qui souligne bien leur importance dans le parcours de l'auteur. Pour finir, le bédéphile observera avec un grand sourire, la révélation qu'a généré la lecture de Comment on devient créateur de bandes dessinées de Franquin et Jijé auprès du Québécois. C'est à cet instant qu'un grand auteur est né !
Captivant et émouvant, Paul au parc est l'album de la confirmation pour Michel Rabagliati. À lire d'urgence.
Tâchez de quitter cette terre en l'ayant rendue meilleure que vous l'avez trouvée, et quand votre tour viendra de mourir, vous mourrez heureux en pensant que, en chaque occasion, vous n'avez pas perdu votre temps, mais que vous avez fait de votre mieux. C'est par cette citation de Robert Stephenson Baden-Powell que commencent innocemment les aventures de Paul au parc.
C'est le septième tome de la série des Paul et nous faisons un retour sur son enfance. Nous avons là le meilleur car l'auteur qui livre un récit autobiographique semble être à son apogée quant à la maturité de l'écriture avec cette recherche constante de la simplicité. Il réussit à nous faire vivre tout ces petits rien qui rappelle l'enfance sur fond de crise du fameux Octobre noir québécois avec une grande Histoire qui rejoint la petite. Nous plongerons également dans le monde du scoutisme avec la découverte de valeurs telles que l'amitié, le partage ou encore la solidarité. Sous des couverts très légers, l'auteur aborde des thématiques politiques très sérieuses. On sera fort loin des clichés habituels.
Et puis, et surtout, il y aura cette fin plus que tragique alors qu'on ne s'y attendait pas. La phrase introductive livrera tout son sens. On sort totalement atterré par une telle lecture qui reste authentique en dépit de tout. Une œuvre qui séduit et qui nous prend par les tripes. Une explosion inattendue qui touchera en plein cœur les lecteurs. C'est l'album à lire de toute urgence !