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n 1916, Charlie a 16 ans. Ce n’est certainement pas le gamin le plus futé de son village mais il a bon cœur. Alors, quand les recruteurs de l’armée britannique passent près de chez lui, il n’écoute que son courage et son inconscience pour mentir sur son âge et signer un contrat qui l’envoie tout droit au front, de l’autre côté de la Manche. À quelques semaines de la bataille de la Somme, le combat fait rage. Des milliers d’hommes sont sacrifiés pour tenir une position, ou, dans le meilleur des cas, gagner quelques mètres sur les lignes ennemies. Les snipers dégainent sur tout ce qui bouge, ajoutant quotidiennement quelques croix sur leur tableau de chasse. Tuer avant d’être tué, tel est le credo de chaque soldat. Dans les tranchées, la puanteur prend à la gorge. Quand les odeurs ne viennent pas des cadavres en putréfaction, ce sont les gaz qui viennent répandre leurs mortelles effluves.
Dans l’histoire de cette Grande Guerre, il y a les petites, celles des troufions, des insignifiants, des sans-grades, que les lieutenants n’hésitent pas à envoyer au casse-pipe. Il y a celle de « Solitaire », traumatisé par des actes de barbarie qui le hantent jusqu’à lui faire perdre raison, celle de « Papy », qui a perdu ses deux fils au combat ou celle de « Mick le dingue », fort comme un turc, qui s’amuse à collectionner les casques des fritzs. Et puis il y a celle de Charlie, qui apprend à devenir un soldat avant d’être devenu un homme, qui écrit à sa famille pour la rassurer alors qu’il frôle la mort à chaque instant, qui tente de sauver des vies alors que les autres essaient avant tout de sauver leur peau. Il est comme ça Charlie.
Les non-anglophones avaient certainement cru tout voir sur la Grande Guerre : de l’horreur des champs de bataille magistralement mis en images par Tardi dans C’était la guerre des Tranchées, des grandes aventures teintées de romantisme dans La Croix de Cazenac ou le destin d’un soldat hors du commun dans Le cœur des Batailles. Les non-anglophones ? Oui, car Charley’s War, rebaptisé pour l’occasion, a été publié dans la revue Battle Picture Weekly du 6 janvier 1979 au 23 janvier 1988, puis dans Eagle. En France, la parution s’est limitée à quelques épisodes dans les magazines Bengali et Pirates, entre 1982 et 1986. À trois ans de la commémoration du centenaire du début de la Première Guerre Mondiale, si tant est qu’un tel terme puisse être utilisé, les éditions Ça et Là coéditent avec 360 Media Perspective, sous le label Delirium, l’intégrale des aventures du jeune tommies.
C’est l’occasion de (re)découvrir un auteur, surtout connu de ce côté-ci de la Manche pour ses collaborations avec Olivier Ledroit sur Sha et Requiem Chevalier Vampire. Son récit est alimenté par des faits authentiques qui viennent donner du corps à l’histoire, prévue, à l’origine, pour être lue par épisodes de quelques planches. Le recueil permet de se rendre compte de la montée en puissance du scénario de Pat Mills, qui prend son temps pour camper ses personnages, leur conférer un background riche et intéressant, préparer le lecteur à subir les premières escarmouches, puis le plonger définitivement dans la noirceur et la répugnance.
Le dessin en noir et blanc de Joseph Colquhoun est remarquable de précision. Visiblement très à l’aise quand il s’agit de dépeindre le quotidien dans les tranchées, ses décors regorgent de détails, la peur se lit littéralement sur les visages, au moment de lancer l’offensive. La haine aussi, quand un des leurs tombe sous les feux ennemis. Il réussit la prouesse de différencier chaque soldat, de donner à chacun une existence propre, là où le principe est de ne faire qu’un pour servir sa patrie.
Proche du chef d’œuvre, La Grande Guerre de Charlie bénéficie d’un excellent travail d’éditeur. Outre les préfaces de Pat Mills et de Neil Emery, il comporte une postface évoquant, presque épisode par épisode, le travail de création des deux auteurs. Le rythme de parution prévu est de deux tomes par an, le prochain étant attendu dès avril 2012.
Une série rare , un véritable choc visuel ( le dessin est superbe ) et un scénario qui ne nous laisse pas un instant de repos ; La Grande Guerre vue et vécue par les Anglais est devenue , ici , un chef d'oeuvre de la BD . A lire , à relire , et à méditer .
j adore cette série, je déteste pourtant toute les bd de guerre de général.
1ere guerre mondiale coté anglais contre les allemands.
On y retrouve Charlie 17 ans combattant dans les tranchés et toutes les atrocités de la guerre.
Charlie ne manque pas de courage malgrès son jeune age et rien ne lui sera épargné, on s attache tres vite au héros.
une bd dur et tendre a lire absolument
Une autre vision de la Grande Guerre vu du côté des Tommies. Trés bon récit, avec beaucoup d'explications, je le conseille vivement.
A suivre....