D
eux nouveaux films et plusieurs nouvelles adaptations en bandes dessinées – en plus de celles déjà existantes -, Louis Pergaud revient à la mode ces jours-ci. Le fait que les écrits du natif de Belmont soient tombés récemment dans le domaine public ne doit pas être étranger à ce subit engouement éditorial.
Les éditions Delcourt ont commandé à Philippe Thirault (Le rêve de Jérusalem, O'boys) et Aude Soleilhac (Le tour du monde en 80 jours) d'adapter, en 46 petites pages, La guerre des boutons, le chef d'oeuvre de Louis Pergaud. Même en élaguant sévèrement le propos original, Thirault se voit obligé à comprimer fortement l'épique rivalité entre Longeverne et Velrans. L'histoire se résume au plus petit fil narratif possible. Certes, l'album se lit sans trop de difficulté, les principaux épisodes du « conflit » sont là ; pour ce qui est de l'âme ou de la sensibilité du texte original, c'est nettement moins le cas.
Graphiquement, Aude Soleihac fait ce qu'elle peut avec le matériel mis à sa disposition. L'accent est évidemment mis sur les enfants, malheureusement la dessinatrice n'arrive pas réellement à donner beaucoup de caractère aux protagonistes. Trop lisses, presque fades, en dehors des chefs, les gamins se ressemblent tous. De plus, l'aspect un peu trop typé dessin animé du trait donne à ces planches une atmosphère proprette bien éloignée de celle du monde campagnard décrit par le romancier. La mise en couleurs sans saveur d'Isabelle Merlet renforce encore plus cette ambiance un peu trop aseptisée.
Vacherin Mont-d'Or au lait cru ou copie industrielle pasteurisée ? Le roman existe en livre de poche, Florence Cestac l'a illustré tout en rondeur aux éditions Futuropolis/Gallimard. Lecteur, fais le bon choix !
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