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Octobre noir

14/10/2011 6347 visiteurs 3.0/10 (1 note)

P aris, 1961. Alors que les « événements » d'Algérie touchent à leur fin et que l'indépendance n'est plus qu'une question de mois, les Français Musulmans d'Algérie (FMA) sont astreints à respecter le couvre-feu en vigueur dans la métropole. Cette énième mesure inique décidée par le préfet Papon est celle de trop. Le 17 octobre, une manifestation pacifique de protestation est organisée, des milliers d'hommes et de femmes défilent dans les rues de la capitale. La répression sera impitoyable : plus de cent-cinquante morts et d'innombrables blessés.

Cinquante ans après, ces faits sont toujours déniés par les autorités françaises. Didier Daeninckx et Mako (Dernière station avant l'autoroute, Texas exil) proposent avec Octobre Noir un travail de mémoire et un acte militant. Malheureusement, le récit est particulièrement mal construit et mise trop sur le sensationnel et les images chocs pour vraiment convaincre. Seule la très bonne préface de Benjamin Stora permet au lecteur de comprendre, un tant soit peu, les tenants et les aboutissants historiques de ce triste épisode. Le scénario offre néanmoins un éclairage bienvenu sur les conditions de vie misérables et humiliantes des FMA, ces Français de « deuxième catégorie » qui ont pourtant tellement œuvré à la reconstruction de la France après la Deuxième Guerre Mondiale.

Graphiquement, le travail de Mako souffre également de l'orientation « choc » retenue. C'est dommage, car le dessinateur semble être très à l'aise dans ce Paris du début des années soixante. Les personnages, volontairement très réalistes dans un souci d'hommage aux vrais acteurs de ce drame, ne sont guère probants tant ils se révèlent trop souvent figés et mal intégrés aux cases. La mise en scène, souvent peu inspirée, et le niveau général de réalisation rappelle un peu, sans aucune gloire, celui des petits formats italiens. Pressé par les délais ou manque de motivation ? Toujours est-il que Mako avait démontré plus de maestria dans ses albums précédents.

La seule bonne volonté ne suffit pas toujours pour raconter et dénoncer. Les victimes oubliées d'Octobre Noir méritent mieux.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
3.0

Informations sur l'album

Octobre noir

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 22/11/2020 à 18:54:15

    Le 17 octobre 1961, à l’appel du FLN, une manifestation pacifique est organisée pour protester contre le couvre-feu discriminatoire instauré par le Préfet de police Maurice Papon qui sera plus tard condamné par la Justice pour être un criminel de guerre durant le régime de Vichy à l'encontre des juifs déportés (voir sur ce point la bd Crimes de papier : retour sur l'affaire Papon). Les forces de l’ordre dispersent très violemment cette manifestation pacifiste. Selon les historiens, on compte aux alentours de 100 à 200 morts et disparus et 2300 blessés.

    Les médias de l'époque ont franchement minimisé les faits. Le pouvoir politique ne reconnait qu'un ou deux tués : un réel mensonge d'Etat. Bref, la France est assez mal à l'aise avec les faits. Cette bd montre qu'il a existé une période où la police française tuait sans vergogne des ressortissants algériens alors que l'Algérie s'acheminait vers son indépendance. Les cadavres étaient jetés dans la Seine. On a du mal à s'imaginer de telles scènes d'horreur et pourtant, elles ont bien eu lieu...

    Cette bd s'inspire donc de l'histoire vraie d'une lycéenne de 15 ans, jeune beurette, qui a désobéi à sa mère pour se rendre à la manifestation. Elle n'en reviendra pas. Son corps sera retrouvé sur les berges de la Seine. Le commissariat de police conclura à un banal suicide. Ben voyons !

    Octobre noir retrace cette atmosphère poisseuse du 17 octobre 1961. En conclusion, une bd pour prendre date. Le nom des disparus sera publié dans la post-face. Je pense que cette bd est utile pour comprendre le présent. Il faudra désormais faire attention lorsque que l'on se réclame du gaullisme. C'était également cela !