L
e tome 1 de Blue estate est un concentré de polar dont on aurait tiré l’essence, la pulpe (avec jeu de mots, ici, tout est permis). Le décor est planté dans les coulisses d’Hollywood, là où bougent encore quelques has been, qui tentent de revenir sur le devant de la scène au prix de séquelles de séries B leur ayant valu un quart d’heure de gloire, maqués avec des starlettes qui leur servent de punching-ball à l’occasion. Là où les paparazzis s’en donnent à cœur joie en traquant leur proie, là où les mafieux de toutes origines (ruskofs, ritals) trafiquent ce qu’il y a à trafiquer, c'est-à-dire tout ce qui peut rapporter. Là où on vit la nuit, dans les boîtes où les effeuilleuses se font lascives, dans les arrière-salles où l’on corrige jusqu’au sang celui dont le comportement déplaît, dans les lieux où l’on sniffe la came, au gramme ou au kilo. Là où les flics du LAPD planquent et où les privés plus ou moins doués attendent les affaires. Là où il y a toujours quelqu’un pour chercher à tirer profit de l’autre s’il se révèle plus faible.
Il y a tout ça dans Blue estate, baigné en prime dans une ambiance graphique chargée comme une haleine de lendemain de cuite, tranchante comme une lame sortie dans une ruelle pour tailler dans le vif, grouillante de – grandes – gueules. Et ils sont nombreux les personnages, tant et si bien que ce premier volume permet tout juste de faire les présentations. Suffisant cependant pour installer une atmosphère de cocotte-minute, anticiper une montée en pression, sentir le souffle de la grande embrouille poindre et s’apprêter à compter les points (ou les gnons, les cadavres etc.). Riche de promesses, c’est pourtant sur la durée, et dès le prochain volet, que Blue estate sera jugé (probablement coupable). Mentions spéciales pour la couverture, ensorcelante et venimeuse, et pour les couleurs qui garantissent l’unité de cette œuvre exécutée à multiples mains.
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