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endant six mois, Mathieu Sapin a disposé d’une sorte de carte blanche pour déambuler à loisir dans les murs du journal Libération afin de retranscrire le quotidien du quotidien en bande dessinée. L’occasion pour lui de se replonger dans un domaine qu’il affectionne, puisque c’est là le troisième tome de Feuille de choux, et qu’il en est à cinq du Journal de la jungle.
Le ton est léger, un rien décalé, parfait pour se positionner par rapport à l’imposante Institution. L’idée n’étant pas de faire un travail en profondeur sur l’organe de presse, certains ouvrages cités à la fin du livre l’ont déjà très bien fait, mais plutôt de s’en tenir à la surface des choses en relatant des scènes prises sur le vif ; le lecteur reste libre de voir s’il veut aller plus loin, ou pas. L’auteur ne semble pas s’être fixé de contraintes dans la forme, il opère par séquences plus ou moins longues, certaines, nommées « hors contexte », s’approchent même du dessin de presse. Ces variations contribuent à la dynamique de l’ensemble, assez bordélique dans son genre, parfois très dense, et guère avare de bons mots. Il faut dire que Libé se caractérise par l’importance laissée à la prise de parole de ceux qui œuvrent à sa parution journalière. Si le propos de Mathieu Sapin n’est pas polémique, quelques saillies venues de nulle part donnent une idée de l’ambiance qui peut régner dans une conférence de rédaction (oui, c’est le terme employé dans la salle du hublot dédiée à cette activité) : on ne doit pas s’y ennuyer tous les jours ! En arrière-plan, les affaires (DSK et la Porsche par exemple – ça va vite aujourd’hui !) et autres rendez-vous qui ont défrayé la chronique pendant la période concernée agrémentent l’ensemble.
Journal d’un journal, tout est dans le titre ! À vous de voir si vous voulez avoir un bref aperçu du fonctionnement du quotidien au losange rouge. Au-delà de toute logique partisane, c’est très plaisant à lire.
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