C
oncept novateur et osé, malheureusement voué à l’échec dans sa première version de part la frilosité d’un lectorat trop attaché au format conventionnel de la bande dessinée, Cité 14 renait de ses cendres grâce aux Humanoïde Associés pour une deuxième saison qui s’annonce passionnante. Exit donc l’épisode souple à 1€ tenté par les éditions Paquet en 2007, les aventures de Michel Elizondo reviennent en sacrifiant l’initiative anti-crise sur l’autel de l’immobilisme.
L’essentiel étant à l’intérieur, force est de constater que l’esprit, lui, reste le même. La nouvelle saison débute là où la précédente avait laissé les protagonistes de cette fable surréaliste. Michel, immigré semi-clandestin, essaye de survivre dans une ville corrompue et sous la coupe du magnat local. Il échoue dans une jungle en pleine cité après avoir été défiguré par une terrible infection. Seule issue : trouver de l’argent pour acheter une plante salvatrice. Sans nouvelle de lui, Vanita désespère et Hector le journaliste se lamente. Tous les deux ont l’impression d’avoir abandonné leur ami.
Cité 14, c’est de l’absurde, du rêve, du fantastique, et de l’aventure en concentré. Inutile d’essayer de se projeter dans l’univers de Gabus et Reutimann en essayant de chercher ce qu’il n’y a pas à trouver. Il suffit de se laisser porter, d’accepter l’inacceptable. Alors, apparait un récit très classique où l’influence du polar noir américain ambiance années 30 est flagrante. Des flics pourris au journaliste opportuniste en passant par la pin-up aux jambes interminables, tout y est, et même plus. C'est vraiment là que la magie opère, dans les petits plus qui font de cette série une histoire à part. Que ce soit le super héros mégalo ou l’extra-terrestre philosophe, les seconds rôles viennent égayer une atmosphère plombée par les déboires de Michel. Ce chaud et froid est salvateur pour ne pas transformer le récit en une descente aux enfers sans retour. L’humour instillé ne peut être que synonyme d’espoir pour les épisodes à venir. Le Noir et Blanc renforce l’ambiance de polar plutôt sombre et le dessin de Romuald Reutimann mêle habillement personnages animaliers et humains à des décors semi-réalistes. Là encore une alternance destinée à troubler le jeu.
Le rythme soutenu de parution de la première saison est maintenue pour cette série hors norme (6 tomes en 8 mois) et rafraichissante, même si l’effet de surprise ne joue plus. Un deuxième cycle indispensable pour ne pas laisser l’homme éléphant seul dans la jungle urbaine.
Poster un avis sur cet album