L
ewis Trondheim s'amuse, c'est un enfant gâté, il ne cesse d'étonner ou d'agacer mais, heureusement, a du talent à revendre. En effet, comme sa longue bibliographie le montre, il n'a cessé, depuis ses débuts, d'explorer et de tester de toutes les manières imaginables, son joujou, le Neuvième Art. Aventure, humour, expérimental, abstrait, historique, jeunesse, SF, autobiographie, classique... Citez un genre et, hop, un album signé Trondheim surgira.
Avec les années, il a atteint un statut qui le libère de toutes contraintes éditoriales. Le gaillard en profite bien. Alors que l'ambitieux Donjon est laissé de côté et que l'idée d'un Seigneur des Carottes avec un Lapinot aux pieds touffus ne semble pas avoir été d'actualité, il épanche sa soif d'heroic-fantasy avec Ralph Azham. Pourquoi pas ? Lui qui a déjà dessiné un pavé de 500 pages sans scénario ou un étrange album - vraiment - monochrome, rien ne l'empêche de ressasser, pour son bon plaisir, quelques mythes imaginaires.
La mort au début du chemin est la suite directe de Est-ce qu'on ment aux gens qu'on aime ?, premier volume de la série. Toujours flanqué de Raoul, le héros arrive à Astolia, ville où les élus – les personnes possédant un don spécial – se regroupent avant de voir l'oracle. Évidemment, au pied du pouvoir suprême, l'ambition étant ce qu'elle est, tout le monde ne voit pas d'un très bon œil la concurrence. Ralph et ses alliés de circonstances auront bien du travail pour garder la vie sauve.
Sans déroger aux canons du genre (pouvoirs magiques, quête et monstres à poils ou écailles), l'auteur s'amuse en introduisant quelques éléments sympathiques, piochés à gauche et à droite, comme, par exemple, un pokémon tigré frais débarqué du Japon et un hilarant tout jeune apprenti magicien. Les répliques claquent, l'histoire avance (un peu) et Ralph continue sa route.
Ralph Azham ne bouleversera pas le monde de la BD, n'apportera pas de nouveaux lauriers à son auteur, mais il fait passer un bon moment au lecteur. C'est peut-être cette part de magie que Lewis Trondheim maîtrise le mieux.
- On n'a qu'à attacher le bébé à un sanglier et la troupe suivra la mauvaise piste.
- Outre l'aspect dégueulasse de ta proposition, on aura du mal à trouver un sanglier coopératif.
Ces deux lignes me donnent froid dans le dos et me font rire en même temps! Quel génie tordu peut-il écrire des choses pareilles? Ah oui, Lewis Trondheim.
Le second tome en rajoute une couche! On progresse dans cet univers cruel qui ne fait pas dans la dentelle! Pour autant, le scénario est toujours aussi bon et toujours aussi drôle. Le personnage de Yassou est particulièrement réussi. Des enfants transformés en vieillards, des rituels de magiciens, la sœur de notre personnage principal amoureuse du méchant...
Excellent!!
Le second tome des aventures de Ralph Azham confirme malheureusement le léger malaise que j'avais ressenti à la lecture du premier, c'est que Trondheim nous propose ni plus ni moins ici qu'un "sous-Donjon", une autre histoire d'Heroic Fantasy traitée avec un un humour contemporain qui permet de la mettre "en abyme" sans toutefois perdre l'excitation du premier degré. C'était impressionnant avec le Donjon, peut-être d'autant plus que d'autres auteurs enrichissaient en permanence et l'imaginaire déployé et l'humour, c'est presqu'un peu mesquin ici : pas de souffle épique, pas d'excitation de l'aventure, pas de renouvellement des blagues... Un dessin très "standard" de la part de Trondheim, qui fait beaucoup mieux dans son journal intime (les "Petits Riens"), un scénario qui semble écrit sans passion, une sorte de légèreté générale qui, au lieu de séduire, donne plutôt une impression de laisser aller... bref, on est loi, très loin même, de l'enthousiasme qu'on pouvait ressentir en découvrant "Lapinot", ce qui est un peu triste.
PS: On notera quand même que la seule véritable idée de Trondheim dans cette nouvelle série, c'est d'en faire une sorte d'illustration des horreurs de la famille : enfants qu'on massacre, nourrisson qu'on sacrifie pour sauver sa peau, absence d'amour maternel, soeur disparue qu'on retrouve amnésique... Trondheim charge le trait. Mais pour nous dire quoi ?
Bien meilleur que le précédent, ce second tome de RALPH AZHAM réussit le tour de force d'être à la fois plus drôle et plus tragique que le premier opus ! Même si on se délecte de certaines situations cocasses, certaines scènes font froid dans le dos : ça parle d'assassinat d'enfants, d'abandon de nourrissons, d'absence d'amour d'un fils pour sa mère ... et pourtant, tout ça reste dans une ambiance plutôt légère et divertissante. Sacré tour de force !
Au final, cet album se trouve être plus rythmé et plus trépidant que le précédent, avec plus d'action, sans toutefois que l'on sache à la fin de celui-ci comment tout ça va finir.
Du bon boulot.
PS : le personnage de Yassou est vraiment très très drôle !