C
hez Coucous Bouzon, l’heure n’est pas à la franche rigolade. Le marché de l’horloge n’est plus ce qu’il était et l’un de ses éléments, Guy, est porté disparu. Richard, son remplaçant, a un peu de mal à se faire à l’ambiance très particulière de la maison : un patron très excentrique, une collègue de travail pas très farouche mais avare en informations, des réunions aussi folkloriques qu’inutiles… Le petit (canard) bleu essaie malgré tout de se faire une place et se lance à la recherche de son prédécesseur.
Anouck Ricard a de la suite dans les idées. Après un premier essai à moitié transformé dans le domaine de la bande dessinée pour adultes, avec Le Commissaire Toumi, elle remet le couvert avec Coucous Bouzon. Thèmes similaires, même humour absurdo-rigolo dispensé par des animaux anthropomorphes, qu’est-ce qui distingue ce nouvel album du précédent ? Premier constat : les gags fonctionnent plutôt bien. La première scène, probablement la plus réussie, ce qui a l’avantage de mettre rapidement l’eau à la bouche, est un modèle du genre. Dans un style très dépouillé, l’auteure assène au lecteur des situations cocasses et de dialogues souvent savoureux. Deuxième constat : le rythme ne retombe (presque) jamais. Allez, il y a bien quelques pages, notamment lors du dénouement du l’enquête, qui n’offrent pas le même souffle burlesque, cependant l’ensemble est plaisant et fait fonctionner très fréquemment les zygomatiques.
L’entreprise Coucous Bouzon ne connaît pas la crise. Quelle crise ? Celle du rire, assurément. Au fil des albums, Anouk Ricard s’impose dans un genre plutôt difficile à maîtriser. À ce rythme, ses prochaines productions pourraient bien devenir indispensables.
En feuilletant le Hors Série des Inrockuptibes « 100 BD indispensables », j’ai découvert l’existence de cet album. Au début, les raisons pour lesquelles il figurait dans cette sélection m’ont échappé. Je l’avoue. Perfide, j’ai même soupçonné un lien d’accointance entre le critique des Inrocks et la Plus Illustrissime Maison d’Edition de tous les temps, ou entre ce critique et l’auteure, Anouk Ricard. Alors qu’est-ce que cette BD renferme de si spécial ? Le mieux c’est que vous vous fassiez votre propre opinion.
Bon, puisque vous insistez… voilà le secret : on rit méchamment. On rit tout du long, observant le parcours du nouvel embauché de la société Coucous Bouzon. L’activité de cette boîte est -devinez quoi- le négoce d’horloges à coucous. Le gars qui vient d’être recruté arbore une grosse tête de canard bleu et il s’appelle… Euh, en fait tout le monde s’en fout ; à tel point que son nom n’apparaît pour la première fois qu’à la page 19. Comme lui, nous sommes cernés par un patron très c** au discours déboussolant, truffé d’injonctions paradoxales, par une secrétaire débile, paresseuse et revendicative, et des collègues bizarres qui doivent bosser sans moyen. Par exemple, la mission numéro 1 qu’on nous confie chez Coucous Bouzon, c’est de ramener son propre ordinateur. Sinon, comment travailler ? Notre anti-héros anonyme tente de résoudre un mystère : la disparition de Guy Monier, son prédécesseur. Il va être aidé en cela par Sophie Lopez, la standardiste. Ça tombe bien car il s’agit de la seule salariée à tête de chien gentil dont la fibre humaniste n’a pas [encore] totalement disparu. Vous l’aurez compris : Coucous Bouzon est foutraque, cocasse, inquiétant, subversif, loin d’être stupide. Ne faites pas comme moi, ne vous fiez pas à l’habit du moine -un style graphique hyper naïf-. D’ailleurs, je me demande si ce n’est pas fait EXPRES pour enduire d’erreur les demeurés.
Anouk Ricard fait parler son sens de l'humour absurde et décalé pour nous offrir une petite histoire à suspense bien débile et au passage tourner en ridicule le monde de l'entreprise. En résulte un album drolatique, dont la lecture est très plaisante. Le dessin nullissime sert bien le scénario en renforçant encore plus le côté absurde et loufoque de cette histoire bien déjantée.
Richard vient d'être engagé dans une entreprise, apparemment tout ce qu'il y a de plus normal, mais dès les premiers dialogues on comprend vite que ses collègues de boulot n'ont pas leur langue dans leur poche ajoutez à ça un patron, tyrannique et lunatique, et vous avez un super moment de lecture.
Dessin : On a l'impression de lire un livre pour enfant mais qu'on aime ou non il est important car il créée un décalage essentiel avec le scénario qui, lui, vise un public adulte.
Ma note : 16/20