L
uminae face à Doctrine. Enjeu : le sauvetage ou la destruction du monde. Les six Dames qui veillent sur « La Sainte » doivent faire en sorte que tous ceux qui veulent s’emparer de son âme échouent, Doctrine n’étant pas la seule qui poursuit cet objectif.
Une immersion immédiate au cœur de l’action, voilà ce qui attend le lecteur. À lui de reprendre son souffle pour tenter ensuite de lier les pièces du puzzle qui s’offre à lui pour tenter de répondre aux questions de base : qui sont les forces en présence ? D’où viennent-elles ? Sont-elles réellement ce qu’elles semblent être ? Quel est leur objectif ? Bringuebalé d’un théâtre des opérations à un autre, de coulisses en antichambres, il faudra qu’il se laisse porter sans trop offrir de résistance. Pour dépoussiérer la medieval fantasy, Bengal choisit d’exposer les personnages et les lieux, de faire se confronter les acteurs, de montrer ourdir les complots, plutôt que de livrer immédiatement et précisément toutes les origines et tous les desseins. Jouer la carte du « à prendre ou à laisser » est un pari culotté.
Au moment d’ouvrir l’album, l’auteur place en quelque sorte le crédit - élevé - dont il jouit depuis Meka et Naja, commis avec Jean David Morvan, au centre du tapis vert. Après 72 planches, le pari exécuté en solo est-il gagné ? Perdu ? Relève-t-il du coup de bluff ? Impossible de savoir avant qu’il ait dévoilé sa main complète, ce premier volume laissant pensif. Tant que le diptyque ne sera pas clos, tant que toutes les cartes ne seront pas abattues, il est très difficile de faire objectivement pencher la balance. Pour le moment, force est de constater que les personnages sont plutôt bien « charactérisés » (celui qui reproche à Bengal de concentrer ses efforts sur des jeunes femmes à la fois graciles et coupantes comme le diamant est un idiot), certaines scènes d’action ont la fulgurance nécessaire, quelques plans d’ensemble donnent le sentiment appréciable et supérieur d’avoir bien plus à voir que les protagonistes, des passages sans texte laissent aussi sans voix tant ils sont efficaces. Pourtant, tout ne séduit pas ; par exemple, la cohabitation de certains types de traits qui peuvent paraître hétéroclites surprend de prime abord, même pour illustrer l'aspect composite des peuples qui s’opposent (ceci restant une hypothèse après lecture).
Si la curiosité est piquée, le doute règne pourtant : et, sans céder à la facilité, il faut bien dire que, comme la Dame du titre, en fin de volume, il y a de quoi se sentir perdu. Luminae est une sorte d’OVNI, qu’il convient de découvrir en ayant pris soin d’abandonner armes et réticences à son seuil. Au milieu du gué, il tarde de gagner l’autre rive. Là, il sera temps de voir quel usage des armes on fera et si les réticences céderont la place aux regrets ou à l’allégresse.
Je n'aime pas les mangas, et bien ça y ressemble furieusement... L'histoire est vraiment mauvaise (genre un San Goku avec des gonzesses, il ne manque plus que le nuage magique et Tortue géniale). La BD se sauve par le dessin, il y a quelques dessins à relever : pp. 11-12, p. 60 et la galerie en fin de récit. Je ne sais pas, je reste perplexe, j’achèterai le deuxième pour voir où le scénario nous emmène encore...