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ne histoire des relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient, c'est le vaste programme auquel Jean-Pierre Filiu et David B s’attellent dans Les meilleurs ennemis. Comme pour toutes les histoires compliquées, il faut remonter le temps pour mieux comprendre les enjeux stratégiques des différents protagonistes. Dans le cas présent, le préambule entraîne le lecteur jusqu'à l'aube de l'humanité...
Même en deux tomes, raconter plus de deux-cent ans de rapports diplomatiques et guerriers s'avère une tâche quasiment impossible. Le premier travail de Jean-Pierre Filiu, ancien conseiller aux affaires étrangères auprès du gouvernement français et éminent spécialiste de l'Islam moderne, a été de choisir et de simplifier différents événements clefs de ces tumultueuses liaisons transatlantiques. Ce premier volume se concentre plus particulièrement sur deux épisodes. Le premier, méconnu, car plus ancien, narre les balbutiements de la diplomatie américaine dans les premières années de l'Union dans ses démêlés – qui finiront en guerre ouverte - avec les pirates barbaresques en Mer Méditerranée. Le second épisode, plus récent, se penche avec de nombreux détails, sur le sombre rôle de la CIA en Iran dans le renversement du gouvernement de Mohammad Mosaddegh. Malheureusement, en se concentrant sur ces deux crises, peu reluisantes pour Oncle Sam, l'auteur donne l'impression de dresser une charge un peu primaire contre les USA. De plus, plusieurs raccourcis rendus nécessaire par le manque d'espace, ajoutent de la confusion sur les actes étasuniens. Très bonne vulgarisation historique, Les meilleurs ennemis, ne remplace pas une vraie étude à ce sujet, au lecteur de s'en souvenir.
David B. est particulièrement connu pour ses œuvres autobiographiques et des récits imaginaires, voir oniriques. Pour ceux-ci, il utilise à foison des représentations symboliques provenant des légendes du monde. Il change donc de registre en illustrant l'Histoire avec un grand H. Le résultat est mitigé. Autant il paraît à l'aise dans la première partie se déroulant aux XIXe siècle, avec ces amusants Califes à turban extraordinaires. Autant, il semble être moins inspiré par l'époque moderne. Le passé, moins riche en iconographie, lui offre la liberté de donner sa propre vision des événements, il en profite pour composer des illustrations très imaginatives et convaincantes. L'histoire récente, plus riche en documents précis, crispe quelque peu sa plume. Malgré ce bémol, le résultat, dans son ensemble, est réussi. Cette incursion dans la réalité se révèle être à la hauteur de la réputation du créateur des Incidents de la nuit.
Bonne introduction à des relations qui ont forgé l'époque moderne, Les meilleurs ennemis est tout à fait recommandable.
Je m'attendais à une fiction empreinte de faits historiques, mais il s'agit plutôt d'un livre d'histoire illustré... À moins de s'intéresser à l'histoire des États Unis et de vouloir comprendre la raison de leur haine envers le moyen orient, je vois mal l'intérêt de cette lecture. C'est complexe et très lourd.