E
n cette année 1872, la situation est pesante entre la Czisletovie et sa voisine la Dalmaszie. Les tensions nationalistes engendrées par les ambitions politiques de certains dignitaires entraînent la région vers une guerre inévitable. Si Friederich se soumet à la conscription pour sauver l'honneur du pays, son ami et rival Frantz, poète de son état, est moins enclin à aller marcher au pas de l'oie. Une commande aussi inespérée que secrète de la part d'un membre influent de la cour va permettre à ce dernier de rester éloigné, pour un moment au moins, des champs de batailles.
Premier volume d'un dyptique, Le pigeon voyageur sert principalement de mise en place aux différents éléments d'une intrigue très simple en l'état. Pour son scénario, Jean-Paul Krassinsky (La saga des brumes) ne sort pas des chemins battus. Les deux rivaux et leur pomme discorde, la jolie Héloïse, ne sont guère emballants. C'est également le cas avec le cadre général du récit, une Europe Centrale imaginaire, vaguement fantastique, en phase de désintégration, avec à sa tête, une élite corrompue et décadente. Heureusement, à défaut de suspens et de nouveautés, le scénariste réussit, avec un certain talent et un humour subtile, à rendre sa création crédible.
Le principal intérêt de l'album est à mettre au crédit de Julien Delval. Pour une première œuvre, le dessinateur fait preuve d'une très grande habilité. Son style, à mi-chemin entre la caricature et le réalisme, habillé de couleurs riches et denses, fait des merveilles dans la description de ces contrées germano-balkaniques. La mise en page est également très maîtrisée, le jeune auteur n'hésite pas à s'attaquer, avec succès, à des scènes visuellement très ambitieuses. Seuls ses personnages, aux visages parfois un peu forcés, détonnent légèrement.
Malgré un scénario peu étoffé pour l'instant, l'excellent travail de Julien Delval aux pinceaux rend la lecture du Pigeon voyageur des plus intéressantes. À découvrir.
Poster un avis sur cet album