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ils d’un officier français stationné en Cochinchine et orphelin de mère, Sidoine a été élevé en Bretagne par le père Divères, un facteur alcoolique. Brillant élève, il réussit sans peine son certificat d’études, mais voit ses rêves scolaires s’évaporer faute de moyens et devient donc commis dans une métairie. Un jour, alors qu’une lettre de son géniteur est arrivée, Sidoine a une discussion houleuse avec son tuteur auquel il reproche de s’être mal occupé de lui. Le lendemain, il retrouve le pauvre homme pendu. Sur les conseils du curé, Sidoine s’accuse du meurtre de son père adoptif afin qu’il reçoive une sépulture chrétienne. Envoyé dans la colonie pénitentiaire d’Aniane, il va connaître les châtiments corporels et l’iniquité d’un directeur sadique qui ne feront qu’augmenter sa haine de l’ordre établi. Libéré deux ans plus tard, son trajet de retour vers la Bretagne commence par une rencontre et une mort troubles...
Après Ambulance 13, L’œil des dobermans et le troisième volet de Traffic , Le fils de l’officier marque une nouvelle collaboration scénaristique entre Patrick Cothias (Les sept vies de l’épervier, Le Lièvre de Mars, Masquerouge, etc.) et Patrice Ordas. Ce premier tome donne d’emblée le ton, sombre, d’un récit qui laisse peu de place à l’espoir et est entièrement tourné vers le parcours douloureux et semé de déboires comme de désillusions du jeune Sidoine Loll. Véritable écorché vif, ce dernier peine à trouver sa place et à construire son identité, mais aussi à accepter les mesquineries et hypocrisies d’une société qui, quoi qu’il fasse, le stigmatise comme orphelin, coupable idéal d’un meurtre qu’il n’a pas commis, puis ancien pensionnaire d’une maison de correction.
Bien pensé et rythmé, quoiqu’assez linéaire, le scénario nourrit la curiosité du lecteur tout au long de l’album. Les événements s’enchaînent en effet sans discontinuer et dessinent progressivement la psychologie tourmentée du personnage principal ainsi que celle des autres protagonistes, tout en évoquant l’importance des inégalités et des failles sociales du tout début du XXe siècle. Le récit s’appuie en outre sur une narration en voix off qui résonne de façon très particulière, comme celle d’un plaidoyer a posteriori. Par ailleurs, ce procédé narratif joint à certains éléments maintient le doute quant à l’innocence, ou la culpabilité, de Sidoine dans les tragédies qui parsèment sa route.
L’histoire est portée par le dessin de Christelle Galland, dont c’est le premier album. Agréable et de belle facture, son graphisme s’accompagne d’un découpage clair et très lisible. Il est aussi marqué par une grande expressivité des visages, transmettant au mieux les émotions. Malgré un travail appréciable sur les décors et quelques cadrages réussis, certaines perspectives s'avèrent cependant moins convaincantes ou légèrement disproportionnées. Enfin, la mise en couleurs de Sébastien Bouet s’accorde bien à l’ensemble, renforçant et donnant corps aux ambiances créées par la dessinatrice ainsi qu’à l’atmosphère pesante du récit.
Doté d’un scénario intéressant et d’une mise en images de bonne facture, La tête abîmée ouvre une trilogie qui s’annonce déjà prometteuse.
Le fils de l’officier est une bd dont le premier tome est malheureusement passé inaperçu. Il n’y avait sans doute pas une publicité tonitruante ainsi qu’une campagne digne de ce nom. On aura compris que c’est une petite production mais qui n’en demeure pas moins intéressante.
L’histoire est assez classique mais on sombre assez vite dans une succession d’évènements plus malheureux les uns que les autres avec le danger que cela ne soit plus très crédible au final. On pourra passer le fait que le personnage central a une morphologie qui évolue au fil des passages. On n’arrive pas à s’attacher à lui malgré ses malheurs et c’est bien là tout le problème.
En effet, il manque une espèce de lien qui nous ferait totalement adhérer à cette bd qui ressemble un peu aux productions des années 90 par son dessin, ses couleurs et même son style. Il ne se passera finalement pas grand-chose dans ce premier tome qui avait pour but de fixer un personnage en quête de son identité. Je n’ai pas trop aimé la dernière scène qui est censée être une chute car il n’y a rien qui prépare vraiment la rencontre avec la fille de son ex-patron totalement absente et à peine évoquée.
Pour autant, c’est une bd qui se laisse lire assez agréablement. C’est intéressant surtout grâce à son fil conducteur : un jeune garçon bon au départ qui devient haineux à cause du système qui le détruit intérieurement et même physiquement. La pauvreté conduit à la détresse. C’est un cercle vicieux. On se demande comment ce jeune garçon va s’en sortir. On devine déjà son destin…
Noir c'est noir, et Cothias nous pond encore une intrigue bien plombée qui fait penser au Bout d'homme de Kraen. Mais c'est solide et captivant et pour un premier album Christelle Galland se débrouille pas mal au dessin.
A suivre donc, les dernières pages laissant espérer un peu d'espoir.