Synchrone 1. Trauma

C ’est à Paris, par une belle matinée, que la vie de Ian Mallory bascule. Cet employé de la NSA, envoyé en France pour une mission de formation, est la cible d’une tentative de meurtre. Sa femme, enceinte de huit mois, y laisse la vie, ainsi que l’enfant qu’elle portait. Lui en réchappe, mais y gagne trois ans de coma et une balle logée à jamais dans sa tête. Cinq ans après l’incident, hormis une nouvelle faculté le voyant réagir émotionnellement à contretemps, Ian a réussi à refaire sa vie. Rapatrié aux États-Unis avant son réveil, il y est maintenant devenu un écrivain réputé. Sa spécialité, l’horreur. Celle des cauchemars qui l’habitent et qu’il canalise ainsi par l’écriture. On pourrait dire que la vie lui sourit de nouveau. Hélas, tout a un temps.

Quand Ian découvre en pleine nuit sa belle-fille ayant commis l’irréparable, son nouveau don, l’absence d’émotions sur le moment même, lui permet de réagir de façon pleinement cartésienne. Et de tout organiser, froidement et méthodiquement, pour la protéger et lui éviter la prison. Revers de la médaille, les post-réactions émotionnelles de Ian, face à ces événements, lui provoquent de graves crises. Cela n’empêche pas son ancien employeur de le recontacter, forcément intéressé par cette capacité à affronter n’importe quelle situation avec une totale maîtrise de soi..

Que de choses dans le premier tome de cette nouvelle série. On louera la volonté des auteurs de ne pas nous livrer en brut ce nouveau héros au sang-froid absolu, destiné à travailler pour la NSA, et de nous présenter en premier les faits qui l’ont conduit à cette situation. Néanmoins, et malgré une bonne gestion du récit et des flash-backs, difficile de ne pas avoir une impression de légèreté quant aux différentes intrigues qui nous sont présentées. Et elles sont nombreuses : la tentative de meurtre originelle, sa sortie du coma, sa situation d’écrivain, le crime de sa belle-fille, une journaliste trop curieuse, etc. Ajouté à tout cela, le re-recrutement soudain de Ian par la NSA en fin d’album prend d’un coup un côté improbable qui atténue la portée du reste, déséquilibrant malheureusement ce premier opus. Côté graphique, connu en France essentiellement par son travail sur Sanctuaire Redux et Sanctuaire Reminded, Riccardo Crosa entame cette année, avec Synchrone et Vigilantes, deux séries prometteuses. La sobriété et l’efficacité de sa mise en scène aident à la clarté de l’ensemble. À noter que la colorisation ne lui est pas ici favorable et pourra en rebuter plus d’un.

Ce premier album n’imposera pas d’emblée cette nouvelle série comme une évidence. Il ne la condamnera pas pour autant et séduira de nombreux amateurs du genre. Il comporte en outre suffisamment de promesses et de matières premières pour que la suite prenne de l’ampleur. À suivre, en espérant que Synchrone aura sa chance sur le long terme.