L
a fanfare est traditionnellement associée à la fête, au carnaval et ses membres n'oublient pas cette tendance surtout lorsqu'il s'agit de se retrouver entre plusieurs compagnies. C'est le moment de se lâcher, de faire à peu près tout sauf de jouer. Au petit matin, il y a, par terre, autant de gobelets de bière vides que de notes de musique émises au cours de la soirée. Parmi les joyeux drilles, Alda n'arrive pas à se laisser emporter par l'ivresse des festivités et cherche Bilu, son amoureux, membre d'une autre fanfare. S'ensuit un portrait de personnages forcément hauts en couleurs. Que la fête commence !
Dans cette ambiance de festival de musique, assez inédite en bande dessinée, Aude Picault mène son récit tambour battant. À un rythme assez soutenu, elle fait évoluer Alda dans la cacophonie de ses sentiments pour un homme qu'elle sait parti avec une autre. Elle rencontre des musiciens, certains aussi paumés qu'elle et d'autres bien décidés à profiter de ce moment hors du temps. L'histoire se déroule en une soirée, de l'arrivée de la fanfare des « Ouiches » jusqu'au petit matin où tout le monde est bourré. La volonté narrative d'Aude Picault échappe quelque peu à la fermeture de l'album, mais la lecture est très rapide et plaisante. L'auteure s'appuie essentiellement sur son trait dynamique, simple et efficace pour rendre les états d'âme ou de santé des protagonistes. En quelques coups de crayon, elle exprime tout ce qu'elle veut.
Loin de se laisser complètement bercer par cette Fanfare plutôt dissolue, la séduction passe par le dessin, la mise en couleurs par touches et les mises en pages bien pensées.
La chronique est sévère, je trouve. La fanfare joue, elle joue beaucoup et à un rythme endiablé. Elle croise d'autres fanfares, joue avec elles, s'amuse, s'engueule et elle joue encore. Complète ? Incomplète ? Elle s'en fiche, elle joue.
Après, il est vrai, la nuit s'avance et elle fatigue un peu. C'est ainsi que le récit s'essouffle mais cela reste un très très bon moment de lecture (et une BD bien mieux maîtrisée que ce qui est sous-entendu dans la chronique).