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u’ils soient chasseurs, routiers fans d’Elvis, braqueurs, extraterrestres ou simples quidams, tous finissent par se retrouver au Snack, « avec surgelés de qualité », pour le meilleur et pour le pire. Enfin, surtout pour le pire.
Le rire par l’absurde ou des tranches de vies macabres, découpées au hachoir, matinées d’humour noir. Besseron (De véritables contes de fées, Melo Bielo) est résolument un carnassier, voire un carnivore, pour « croquer » de cette façon les protagonistes, le plus souvent malheureux, de ses farces cruelles. Le dessin est très typé Clarke, un autre adepte de l’humour noir, avec ses mâchoires carrées, ses regards vides et ses expressions impassibles. Même aux horreurs les plus extrêmes, le trait de Besseron sait rester simple pour plus d’efficacité. Pas de fioriture, juste l’essentiel pour conduire à la chute. Il y a du garçon boucher en lui, mais aussi de l’esthète toujours prompt à fignoler une fin aux petits (m)oignons.
Même si certains gags, souvent les plus courts, tombent parfois à plat en manquant la cible, l’ensemble se dévore comme un burger accompagné d’une bière : sans trop réfléchir au secret de fabrication faute d’indigestion.
Dans ce recueil, il est notamment question : d'un extraterrestre qui se déguise en lapin et fait fantasmer une poignée de chasseurs, d'un train fantôme dont l'effet est garanti car ses pensionnaires sont d'une nature particulière, d'un boucher excessivement jaloux qui emploie volontiers ses couteaux quand ses clients regardent un peu trop son épouse…
J'avoue que j'aime bien les saucisses mais celle-ci a eu du mal à passer. L'humour me semble trop trash, trop lourd c'est à dire sans aucune subtilité. Ces 20 histoires courtes manient une certaine forme d'humour noir. A réserver aux amateurs qui apprécieront ce surgelé avec régal.