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oureur et paresseux, Sôsuke s’est retrouvé marié à Michi, une douce rêveuse, suite à une soirée de beuverie entre leurs pères respectifs. Force est donc aux jeunes gens de cohabiter comme ils le peuvent et d’essayer de s’apprivoiser. Après des débuts difficiles, des découchages fréquents et malgré le peu d’intérêt qu’il lui porte, Sôsuke se familiarise peu à peu avec Michi et apprend à apprécier sa présence, sa douceur, sa naïveté et son infinie patience. Ce chemin parcouru, peut-être formeront-ils un couple comme les autres ?
Après le poignant Pays des cerisiers et Pour Sanpei, Kana publie Une longue route, la première œuvre de Fumiyo Kouno. Ce one-shot est axé autour d’un ménage pour le moins atypique dont le lecteur suit l’évolution à travers des saynètes de trois ou quatre pages. Un format ni trop long ni trop court qui permet de mettre à nu le quotidien des protagonistes avec finesse et légèreté. L’ambiance, ouatée et comme suspendue dans le temps, renforce les caractères opposés des personnages qui soutiennent et forment le fond de l’histoire. Dès le début, Sôsuke paraît fortement antipathique par son attitude et ses manières à la limite de la goujaterie envers son épouse – certes non choisie -, tandis que Michi semble plus sympathique, fragile et fait naître l’envie de la protéger. Au fil des mini-aventures qu’ils partagent, tantôt du point de vue de l’un, tantôt de celui de l’autre, le couple commence à se souder, par minuscules touches, et finit par former un ensemble plus harmonieux et finalement plein de tendresse. Le trait fin et typé de la mangaka, non exempt d’un certain humour, achève de conférer à l’ouvrage un cachet savoureux, agréable et charmant.
D’une lecture aisée – le lecteur peut facilement se ménager des pauses entre chaque historiette pour mieux savourer le tout -, Une longue route inscrit indéniablement Fumiyo Kouno dans le style des récits suaves, poétiques et un brin fleur bleue, sans pour autant verser dans la mièvrerie. Les amateurs du genre y trouveront leur compte. Les autres devront cependant surmonter le côté naïf et gentillet pour vraiment apprécier cette œuvre.
Une longue route est un récit compilatoire sous forme de tranches de vie tournant autour d’un jeune couple de Japonais dont le mari volage domine totalement une femme soumise et naïve : tout ce que je déteste. Il fait ce qu’il veut, il n’arrive pas à avoir un travail stable de façon à permettre au couple de vivre décemment. La gentille épouse lui passe tous ses caprices. Elle se met au travail tout en lui ramenant son repas après avoir fait le repassage et le ménage. Quelle horreur !
La rébellion de cette femme n’existe pratiquement pas. Sa maladresse le met parfois en défaut mais c’est gentil et mignon tout plein. Je ne sais pas où l’auteur a voulu en venir mais ce portrait n’est pas du tout à mon goût. C’est une vision un peu rétrograde de la société nipponne.
La place de la femme doit être à l’égale de l’homme. Toute idéologie contraire ne trouvera pas grâce à mes yeux. Faire l’apologie d’une telle société même en tournant l’homme à la dérision ne me convient pas. Là, je n’avais qu’une envie : baffer le macho men. Or, le but était de se prendre d’amitié pour ce couple et voir le long chemin parcouru. C’est raté en ce qui me concerne.
Cependant, je peux comprendre que c'est le fonctionnement normal d'un coupe dans la société niponne. Sans doute, l'auteur voulait nous éclairer et provoquer une réaction. Si je ferme les yeux sur cet aspect, la bd est joliment dessinée. Il y a une certaine douceur qui se dégage de ce graphisme que j'apprécie.