« I got a letter this mornin, how do you reckon it read?
It said, "Hurry, hurry, yeah, your love is dead"
I got a letter this mornin, I say how do you reckon it read?
You know, it said, "Hurry, hurry, how come the gal you love is dead?"
So, I grabbed up my suitcase, and took off down the road
When I got there she was layin on a coolin' board
I grabbed up my suitcase, and I said and I took off down the road
I said, but when I got there she was already layin on a coolin' board »*
Mojo aurait pu, à juste titre, être sous-titré une Histoire du Blues. En effet, Slim Whitemoon, le héros créé par Rodolphe (Les enquêtes du commissaire Raffini, Kenya) incarne parfaitement la destinée des musiciens du Bayou et leurs errances le long du Mississippi. Le scénariste s'est amusé à mêler réalité et fiction en intégrant quelques musiciens célèbres du cru, comme le géant Blind Lemon Jefferson ou le mythique Robert Johnson. La reconstitution historique n'en est que renforcée. De la Louisiane à l'Illinois, en passant même par l'Europe, les étapes de la vie de Whitemoon collent à l'épopée du blues, de sa naissance dans les champs de coton et les juke-joints à sa reconnaissance internationale.
Noir et blanc, l'approche graphique choisie par Georges Van Linthout (Braquages et bras cassés, Sur les quais) est des plus logiques. En se basant sur la riche iconographie existante à ce sujet, le dessinateur propose une vision à la fois personnelle et traditionnelle du XXe siècle américain. Malgré son talent, il manque néanoins un petit quelque chose à ces planches. L'ambiance, par moments dure et violente, n'est pas tout le temps parfaitement rendue. Est-ce la faute à un lavis un peu trop délavé ou à une mise en scène un rien monotone ? Toujours est-il que, parfois, le bourbon frelaté et l’odeur du mauvais tabac manque singulièrement d'âcreté.
Cette précise plongée dans l'histoire de la musique afro-américaine, Mojo est à recommander aux bédéphiles mélomanes.
* Death Letter Blues, Son House
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