1940, l’inexorable avancée de l'armée allemande contraint les autorités françaises à se replier. Réserve stratégique s'il en est, l'or de la Banque de France fait également partie du voyage. Comme on peut s'en douter, l'évacuation de 254 tonnes du précieux métal ne saurait se faire sans attirer l'attention. Forces spéciales germaniques, malfrats divers et même le gouvernement américain suivent la piste de ce pactole.
Jean-Pierre Pécau (Jour J, L'histoire Secrète) associé à l'historien Denis Lefèbvre exploite un épisode peu connu de la Seconde Guerre Mondiale. Face à l'avancée allemande, l'or de la Banque de France fut en effet évacué afin d'éviter qu'il ne tombe dans les mains de l'ennemi. La précieuse cargaison, embarquée dans la rade de Brest sur le croiseur Emile Bertin, connaîtra de multiples aventures sur les océans du globe avant de finir son périple dans les mers du Sud.
Le mélange réalité historique - fiction est une recette classique dans le monde de la BD. De nombreux auteurs (Patrick Cothias, Jean Dufaux, etc.) se sont fait un plaisir de broder de savants complots autour de la grande Histoire. Malheureusement, dans ce premier volume de L'or de France, Pécau n'arrive pas vraiment à exploiter l'excellent sujet de départ. Voulant sans doute trop « coller » aux faits, les intrigues complémentaires qu'il a imaginées peinent à convaincre. Les personnages, en particulier, ne détonnent guère tant ils sont caricaturaux : un héros-matelot, roi de la combine, des mafioso de carnaval, l'inévitable collabo retors et, évidemment, un officier allemand glacial et sans pitié. Si l'album se lit sans difficulté, il manque néanmoins un peu de panache et de passion dans ces pages. C'est quand même de la soif de l'or dont il est question !
Aux pinceaux, Tibéry (L'empire de la raison, Uchronie(s) - New Harlem) rend une copie quelque peu inégale. Son approche, se voulant très réaliste, n'est pas totalement aboutie, particulièrement au niveau de certains des décors. La savante et, parfois étouffante, mise en couleurs de Kattrin n'arrive pas non plus à sauver la donne.
Malgré un intérêt historique indéniable, La croisière de l'Emile Bertin manque un peu le coche. Espérons toutefois que le second tome saura rectifier le tir.
Le sujet est intéressant: pendant toute la durée de la guerre, mises à l'abri hors de l'Hexagone, les réserves d'or détenues par la Banque de France échappent à l'Allemagne et aux Alliés.
Les 254 tonnes de lingots et de pièces entreposées au siège, le deuxième plus gros stock mondial, constituent alors un patrimoine très convoité. Dès leur entrée dans Paris, les officiers du Reich tentent de s'en emparer. Une course contre la montre s'engage alors pour faire sortir le trésor de la métropole.
En l'espace d'un mois, 300 camions prennent la route. La marine prend le relais. A la fin de la guerre, seulement 395 kilos d'or manqueront à l'appel. Retour sur cette incroyable épopée avec ce diptyque qui retrace les faits de manière romancée mais tirée d'une histoire vraie mais peu connue.
Le défaut majeur de Pecau (le scénariste de L'Histoire Secrète) semble être le manque de fluidité de la narration avec des dialogues pompeux. Par ailleurs, les personnages se ressemblent presque tous ce qui n'aide pas à la compréhension de ce récit. C'est un dessin assez figé par moment qui reste en tout point très classique. Au final, on suivra tout de même l'intrigue car le sujet demeure intéressant.