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andolph Jaffe est employé dans un bureau de poste perdu quelque part dans le Nebraska. Menant une vie des plus banales, sa destinée bascule le jour où, en triant des lettres « abandonnées », il découvre l’existence d’une société secrète qui pratique une sorte de magie appelée l’Art. Obnubilé par cette découverte il scrute d’abord les nombreuses correspondances perdues à la recherche de nouveaux indices, pour finalement quitter son emploi et s’allier à un scientifique, Fletcher, capable de l’aider dans sa nouvelle quête. Si les deux hommes poursuivent le même but, il ne partagent cependant pas la même philosophie. Transformés en ennemis une fois leur objectif atteint, les deux s’engagent alors dans un combat mystique qui se termine de façon indécise dans la petite ville de Palomo Grove.
Secret Show est l’adaptation d’un roman de Clive Barker (The Great and Secret Show), véritable icône dans le monde de la littérature fantastique et d'horreur. Cet album assez copieux regroupe les douze épisodes scénarisés par Chris Ryall et dessinés par Gabriel Rodriguez. Les auteurs se sont donc octroyé un nombre de pages conséquent pour s’attaquer au premier volet de cette trilogie littéraire.
L’histoire débute de manière un peu confuse, mais le duel que se livrent les deux entités à travers leur progéniture devient vite assez prenant. Envoûté par l’ambiance fantastique, le lecteur s’aventure dès lors aux frontières du réel. Du Nonce, substance permettant d’acquérir un immense pouvoir mystique, à la Mer des rêves de Quiddité, l’essence de toute chose, le voyage s’avère passionnant et l’ennui aux abonnés absents. Visuellement, Gabriel Rodriguez s’approprie avec brio l’univers imaginé par Clive Barker et propose une galerie de personnages et de créatures fantastiques qui s’intègrent parfaitement dans cette guerre qui oppose le Jaffe à Fletcher.
Une belle brique qui ravira indéniablement les amateurs de récits fantastiques et les fans de l'auteur du cultissime Hellraiser. Nul doute qu’ils attendent déjà avec grande impatience l’adaptation d’Everville, deuxième volet de cette trilogie de l’Art.
C’est le récit d’une véritable guerre sans merci que se livrent deux hommes ayant acquis une dimension presque cosmique. A cela viendra s’ajouter un autre protagoniste représentant un danger encore plus grave pour l’équilibre de notre monde. Sur plus de 300 pages, c’est une véritable saga qui prend le temps de se mettre en place avec une introduction particulièrement longue.
En outre, il y a une analyse assez poussée de chaque personnage au point que l’on se demande quel est le héros qui prendra le dessus pour mener à bien sa mission dans le contexte de cette bataille. Ce n’est pas si facile que cela à deviner car il y en a qui ne seront que des leurres pour permettre à d’autres d’émerger complètement. C’est sans doute cela qui fait la différence avec une œuvre classique qui distribue parfaitement les différents rôles. L’ambiance rappelle un peu les romans horrifiques de Stephen King mais en ayant tout de même son style propre. C’est l’œuvre d’un romancier britannique créateur de mondes imaginaires.
Le lecteur pourra admirer une véritable richesse visuelle avec un trait semi-réaliste et des découpages particulièrement réussis mais également une approche psychologique hors du commun. Pour autant, cette longue histoire manque un peu de souffle et de repères pour convaincre totalement. Nul doute que l’adaptation du roman sur lequel elle se base est conforme. Il manque un dynamisme qui aurait séduit plus encore car cela traîne en longueur malgré une première bonne partie. Il se dit qu’il pourrait y avoir un jour un second volet de la trilogie de l’Art.
Visuellement, rien à dire : Le dessin est impeccable avec un trait précis, assez cartoon mais également malsain. Ca marche du tonnerre.
Par contre, c'est niveau scénario que ça coince. Malgré une trés bonne première partie qui va à l'essentiel en nous donnant une bonne partie des clefs de l'univers, ça traîne ensuite en longueur, multiplie les peronnages sans forcément leur donner de vrais enjeux et finit par nous perdre dans une intrigue de moins en moins intéressante. Dommage...