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obriété graphique de mise pour des temps passés douloureux : seule la couverture comporte des couleurs, et encore, ô combien ternes. Le reste n’est que grisaille. Une autre époque, celle où deux blocs s’affrontaient à distance. L’un des théâtres les plus absurdes de ce conflit fut certainement Berlin. Enfant, Simon ne comprend pas pourquoi ses parents ne peuvent l’accompagner pour aller voir ses grands-parents maternels de l’autre côté du mur, pourquoi il ne voit jamais ceux de son père.
Adulte, il revient sur cette période sombre qui a marqué sa famille, installée à l’Est, et reprend au commencement, quand tout n’était pas aussi simple qu’il peut paraitre aujourd’hui. D’une part, il y avait ceux qui étaient convaincus des bienfaits du système communiste, de l’autre, ceux qui étaient plus sceptiques ; en accompagnateur de la foi des premiers, et en modérateur à toute tentative d’insubordination des seconds, un régime de fer veille sur, ou surveille - c’est selon -, le quotidien des habitants de cette portion de ville. Les parents de Simon étaient bien naturellement influencés par leur entourage. La jeunesse aidant, et non sans avoir tergiversé, ils décidèrent de se lancer dans les démarches nécessaires et humiliantes pour passer de l’autre côté.
Son récit se concentre sur les siens et ne s’appesantit pas sur le contexte historique qui, s’il s’impose de lui-même comme un élément essentiel de ce qu’il raconte, n’en est pas moins placé en toile de fond. Ce qui lui importe, c’est de comprendre, et donc d’être explicite, au moins autant pour le lecteur que pour lui-même. Pour ce faire, Simon Schwartz déroule son propos avec simplicité, et opte pour un dessin très lisible au service de la compréhension. La lecture est, de fait, fluide, mais aussi agréable, parce que l'auteur évite l’écueil d’une vision trop superficielle des comportements.
À l’instar de Trop n’est pas assez et de Haarman le boucher de Hanovre, De l’autre côté s’inscrit dans le mouvement d’une bande dessinée allemande en plein foisonnement, exigeante sur le fond, variée sur la forme.
J'éprouve toujours de la peine par rapport à ces personnes qui sont obligés de quitter un état dictatorial communiste avec leur famille pour être simplement en sécurité. Chaque être humain devrait pouvoir vivre en toute quiétude sans avoir peur du gouvernement qui dirige un pays.
C'est un nouveau témoignage d'une famille ayant du quitter la RDA pour la RFA en pleine guerre froide qui nous est raconté par l'auteur Simon Schwartz. Evidemment, les détails seront assez glaçants pour cette famille qui souhaitait tout simplement vivre paisiblement. La STASI et les dénonciations calomnieuses ainsi que le regard des autres feront le travail d'émancipation.
Le graphisme assez épuré n'est pas du tout mon genre car assez austère à l'image de ce pays ayant appartenu au bloc de l'Est. Le ton choisi sonne juste pour donner une authenticité à ce récit.
Au final, on se dit qu'on est bien de ce côté-ci et qu'on plaint ceux qui étaient en face.