L
e Coq Vert. Un ancien relais château, perdu dans un coin reculé du pays. Isolé, il est à l’abri des vicissitudes d’une société en pleine transition du monde féodal vers le monde moderne industriel. Le Coq Vert fait à la fois office d’auberge, d’hôtel et de thermes. Hôte de ces lieux : Fausto, Comte de Scaramanda. Fausto envoyé par son père en exil doré dès sa prime jeunesse, afin de le protéger des guerres continuelles qui déchiraient le pays. Devenu adulte, il apprend la venue de ce dernier, quinze ans après l’avoir vu pour la dernière fois. Lui qui est materné par son percepteur, Byrani, et par l’ensemble de la communauté du Coq Vert, accuse le coup ! Cet événement va suffire à bouleverser la petite vie tranquille qui régnait alors dans l’auberge. Pourquoi cette visite ? Est-ce la crainte d'un énième complot des cousins de Fausto ? La peur d’une guerre prochaine qui pourrait bouleverser la tranquillité de la région ? Ou est-ce simplement la visite d’un homme proche de la fin qui voudrait revoir son fils une dernière fois ? La confrontation avec la figure paternelle prendra une tournure dramatique. Mais Fausto pourra compter sur l’aide de ses amis, Polpette le cuisinier en tête, aidé de ses petits plats, pour faire face à cette épreuve…
Première chose à faire en abordant cet album, oublier son titre et, surtout la publicité qui l’accompagne. Cet album n’est en aucun cas l’histoire de Polpette et de son viandier. Si les dix premières pages nous présentent effectivement ce personnage, dès la onzième se produit un changement de protagoniste assez brutal avec l’entrée en jeu de Fausto et de son histoire. Polpette se retrouve alors au second plan. Et c’est là que le bât blesse. S’il n’y a rien à redire sur le dessin de Neel, pour autant qu’on y adhère, l'ensemble en devient beaucoup plus bancal.
On constate ici la difficulté de raconter l’histoire de personnages par le biais d’un autre, lui, récurrent. Contrairement à des séries comme Canardo ou Jeremiah, où les héros principaux ont suffisamment de caractère et d’influence pour ne pas se retrouver au second plan, Polpette se voit ici complètement effacé par les autres intervenants. Et ce ne sont pas ses recettes, parsemant l’album de fort belle manière, qui le sauveront. Le changement de protagoniste aurait à la limite pu passer s’il n’y avait la volonté de vendre la série autour du personnage de Polpette et si le marketing (titre et couverture) n’avait à la fois passé sous silence le côté féodal du monde décrit et insisté sur le côté « cuisine » de l’œuvre.
Cet album ne raconte pas le quotidien d’un petit cuisinier d’auberge de province. Plus d’un lecteur sera déconcerté en découvrant au contraire une histoire racontant finalement la fin d’un monde, féodal, avec ses comtes, ses complots, ses guerres, ses armures, et la naissance d’un monde moderne, industriel, avec ses voitures, ses avions, ses costumes trois pièces. Le tout mélangé en flirtant à chaque page avec l’anachronisme. Le lecteur pourra aussi tiquer sur les relations entre les personnages secondaires.
Pourtant, malgré ces défauts, l’atmosphère de l’album, grâce au talent de Neel, relève le niveau. L’intrigue, devenue principale, de la relation entre Fausto et son père est suffisamment bien mise en scène pour s’imposer, de peu, face à toutes les incohérences, voulues ou non, du scénario. Encore heureux, diront les mauvaises langues, vu la longueur du livre qui affiche 134 pages !. La morale positive, basée sur le simple plaisir de la vie, qui sous-tend l’album y contribue aussi. Mais le résultat laisse circonspect. L’album n’est pas inintéressant, mais insuffisant quant au personnage de Polpette, censé en être le principal.
C'est un véritable petit bijou que ce titre ! C'est pourtant la première oeuvre d'Olivier Milhaud accompagné du dessinateur de Lou !. Le talent est manifeste tant il éclate aux yeux.
En effet, l'auteur a su créer un univers bien particulier qui est un mélange de genres bien dosé. Tout d'abord, le cadre de cette auberge fortifiée dénommée le coq vert est véritablement enchanteur. On est dans un havre de paix où l'on rêve de vivre. Il y a une douceur inoubliable loin des tribulations de la ville industrielle et des bruits de guerre. J'ai littéralement adoré!
On va très vite s'attacher aux différents personnages qui composent cette communauté à commencer par Polpette le cuisinier. La cuisine va d'ailleurs occuper une place importante puisque des recettes seront parsemés ici et là. On a envie d'y gouter. Le prego ou la fabada de Péréro n'auront plus aucun secret pour vous. Et puis, il y a le comte Fausto qui est un personnage hautement charismatique. On peut également succomber aux charmes de la ravissante et volcanique Alméria. Que du plaisir à la découverte de cette oeuvre!
Au-delà de ces aspect, il y a une véritable intrigue car le monde extérieur vient rattraper la vie de ces habitants. La noirceur est présente par petites touches. C'est une bd adulte sur une imagerie presque enfantine. Il ne faudra pas se fier aux apparences! Plongez-vous dans ce savoureux mélange culinaire d'humour et d'action, de poésie et de trahison! C'est une ode à l'amitié et à la simplicité.
Cette série est vraisemblablement abandonnée et c’est bien dommage ! L’histoire est toute simple mais pleine de drôlerie et de tendresse. Une fable gastronomique et poétique en forme de récit d’apprentissage.
Le cadre est bien trouvé : un petit château abritant une auberge, perdu au fond des bois, dans lequel vit en exil le jeune comte de la contrée, seul depuis son enfance avec une poignée d’habitants. L’improbable époque médiévalo-industrielle aux anachronismes savoureux rajoute à son attrait. Le ton résolument optimiste a cette capacité rare à mettre le lecteur de bonne humeur. Les décors pittoresques et les personnages aux caractères bien trempés, ajoutés aux nombreuses et alléchantes recettes illustrées qui garnissent les pages, garantissent un irrésistible plaisir de lecture.
Une BD tout public, facile à lire et revigorante. Si vous tombez dessus dans une brocante, n’hésitez surtout pas car ce 1er et unique tome peut heureusement se lire comme un one-shot. Vraiment sympa !
Venez visiter le petit monde délicieusement désuet du château-hôtel "Le Coq vert".
Amusez vous des émois du comte confronté à l'auguste figure paternelle. Laissez-vous bercer par ces anachronismes légers qui veulent vous faire croire qu'une vie paisible est possible à l'abri des vicissitudes du monde grâce à la magie de délicieuses recettes de cuisine.
Et comme le dessin acidulé de Neel croque malicieusement les personnages, vous ne pourrez comme moi qu'être conquis par ce récit poétique et humoristique.
Et vivement la suite pour connaître l'avenir des amours volcaniques d'Alméria et Polpette.