L
es abords d'un château dans les temps médiévaux ne sont guère sûrs la nuit venue. Les arbalétriers défendent ce qu'ils peuvent contre les esprits démoniaques. Car une sorcière, la Saturnia, a décidé d'assouvir sa vengeance sur les habitants de cette ville, du moins c'est ce que tout le monde croit. En une nuit, leur vie va basculer. Certains vont se perdre, d'autres se retrouver, d'aucuns vont comprendre le passé, d'autres construire le futur, bref, chacun va changer d'existence. Les morts sortent des tombes, les esprits se manifestent, la sorcière envoûte un chevalier, le petit monde calme se déforme sous les rayons de la Lune. La nuit porte conseil dit-on...
Stanislas Gros ne se lasse pas des histoires sombres et mystérieuses depuis le Portrait de Dorian Gray et le Dernier jour d'un condamné. Cette fois-ci, il signe lui-même le scénario de cet album fantastico-humoristique. Son récit est composé de quatorze chapitres, de plus ou moins longs, emplis souvent de grandes cases assez épurées. La structure de ses planches s'éloigne donc beaucoup de ce qu'il présentait dans le Dernier jour d'un condamné où le foisonnement des détails rivalisait avec l'étroitesse de certaines vignettes. Ici, l'épaisseur et une mollesse du trait confère un caractère enjoué à l'histoire, qui ne se veut pas tout à fait drôle, mais décalée. Les personnages alternent sur le devant de la scène, pour présenter leur point de vue, action parfois reprise dans le chapitre suivant lorsqu'un autre protagoniste effectue un acte au même moment. Cela donne une architecture du récit bien pensée et des tableaux amusants et bien construits. Cette habileté est sans doute la force de cet ouvrage qui peut, par ailleurs, laisser un peu indifférent. La drôlerie n'est pas vraiment au rendez-vous et l'intérêt du propos n'est pas toujours saisissant.
Quoi qu'il en soit, Stanislas Gros délivre ici un album moins percutant que les précédents, plus insouciant, plus léger. La qualité de sa mise en scène est toujours aussi évidente et, en cela, le plaisir de lecture aussi.
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