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epuis l'assassinat de François-Ferdinand, les pays des Balkans ont connu des tourments politiques tout au long du XXe siècle. Les deux Guerres Mondiales ne les ont pas épargnés, malgré quelques tentatives de reconstruction. En 1943, avant même la fin du second conflit mondial, la Yougoslavie renaît dans une nouvelle forme, sous la gouvernance de Tito. Pour certains, Josip Broz Tito est un sauveur, pour d'autres, l'instigateur de génocides. La division entre les peuples de Yougoslavie n'en est que plus vive. En 1953, la jeune Reine Elisabeth II accueille le maréchal à Londres, ville d'exil de nombreux Croates ou Bosniaques souhaitant rejoindre l'Amérique. Parmi ces expatriés, bon nombre sont opposés à Tito et certains souhaitent même sa mort. Des complots existent, le MI-5 et le MI-6 le savent.
Alexandre Ostojic est lui-même un exilé, venu enfant avec sa mère en Angleterre. Travaillant dans un laboratoire de Scotland Yard, il ne pensait pas que les tentatives d'assassinat à l'encontre de Tito puissent avoir un lien avec sa mère, recluse depuis des années dans une maison de retraite. Mais la mort soudaine et mystérieuse de celle-ci plonge le jeune homme dans son passé, celui de son pays d'origine, celui de ses parents et des machinations politiques. Il se trouve alors pris entre les terroristes des Balkans et les agents secrets anglais, entraîné dans des engrenages dont il ne peut plus s'extraire.
Les Espagnols Felipe Cava et Bartolomé Segui ont choisi un thème bien difficile et assez inédit pour développer ce thriller politique. L'un des points forts de cet album peut se trouver dans ce choix, d'autant qu'il est évident que la documentation réunie par les auteurs est de qualité. D'ailleurs, le récit est construit autour d'une narration forte, que ce soient les dialogues entre les personnages ou la voix-off d'Alexandre. Cela permet de bien développer le contexte historique, tout en gardant une dynamique et un aspect vivant. C'est en partie réussi. En partie seulement, car il faut bien avouer qu'au bout de dizaines de pages de lecture, la digestion de toutes ces informations commence à être difficile. Pourtant, force est de constater qu'il n'aurait pas été aisé de procéder autrement. Felipe Cava montre une belle agilité dans le déroulement de son récit.
Bartolomé Segui soutient parfaitement son scénariste grâce à une narration graphique très habile. Les événements s'enchaînent avec aisance, avec fluidité, presque légèrement malgré une certaine lourdeur du texte. La mise en couleurs présente la même originalité avec une impression de camaïeu de gris, rehaussée, çà et là, par des touches de couleurs. L'ensemble apparaît comme une production « artisanale », un crayonné habillé de couleurs directes, épaisses, donnant un vrai cachet à cet album.
Que ce soit par le thème mystérieux et subtil, l'approche, la maîtrise narrative, par la mise en couleurs ou encore le dessin tout en nuance, Les racines du Chaos marque sa sortie du sceau de l'originalité et de la qualité. Espérons que le deuxième et dernier album de cette série saura clore cette histoire avec autant d'entrain.
Les racines du chaos nous plonge dans l'histoire de la Fédération de Yougoslavie. Nous sommes dans les années 50 au sortir de la Seconde Guerre Mondiale qui a bouleversé l'équilibre de la région puisqu'un communiste a pris le pouvoir à savoir le maréchal Tito. L'action se situe à Londres dans le milieu des exilés. Un homme va découvrir le passé de sa mère après sa mort mystérieuse.
Il est vrai que l'histoire est plutôt complexe et qu'il va falloir s'accrocher pour pouvoir pleinement apprécier. Pour autant, je n'ai pas aimé le dessin qui est beaucoup trop terne. Le choix des couleurs ne va pas arranger les choses. C'est plutôt un rendu assez terne et les visages se devine à peine. Du coup, cela ne facilitera pas la lecture qui deviendra un peu fastidieuse. L'alchimie entre le scénariste et le dessinateur n'a pas eu l'effet escompté en ce qui me concerne.
Un thriller à la fois d'espionnage et de politique qui est plutôt intéressant car le travail demeure honnête. C'est pas mal mais sans être exceptionnel.
Très bonne surprise à la lecture de cet album !! Voici une sorte de thriller politique mené d'une main de maître dont la force réside aussi bien dans la documentation historique que dans les différents points de vues des personnages.
Le dessin est lui dans le ton et plonge le lecteur dans le récit de la première à la dernière page ! La bande dessinée espagnole semble avoir de beaux jours devant elle...