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ransylvanie, décembre 1476. Le tyran Vlad Dracula Tepes est vaincu par les troupes ottomanes et décapité. Son frère Radu termine dans les geôles du sultan, abandonné au milieu des rats en attendant une mort finalement pas si certaine que cela.
Quelque part sur l'Atlantique, mars 1521. La belle Doña Gabriella de la Fuente vogue sur l’océan en direction du Nouveau Monde, afin d’y épouser le conquistador Hernan Torres.
Russie, novembre 1812. Le capitaine Armand Malachie déserte les troupes napoléoniennes, mal embarquées aux alentours de la Bérézina.
Whitechapel, avril 1887. Victor Douglas Thorpe est convoqué par un Lord immensément riche, à la recherche d’un digne héritier.
Après quelques perles unanimement saluées par la critique, Fabien Nury renoue avec ses débuts en proposant une préquelle à son triptyque Je suis Légion, paru chez les Humanoïdes Associés entre 2004 et 2007. Ce cycle de quatre tomes entreprend de raconter la genèse des deux demi-frères Tepes, avant leurs réincarnations durant la Seconde Guerre Mondiale.
Si le récit s’inspire du mythe de Bram Stoker et débute par la décapitation du prince de Valachie en 1476, Fabien Nury s’éloigne très vite des sentiers battus en proposant un récit qui voyage à travers les siècles. En conférant d’étranges pouvoirs au sang vampirique, il permet aux héros de transiter d’une âme à l’autre sans perdre leurs souvenirs et en conservant cette haine éternelle qu’ils se vouent. Si le survol rapide des incarnations successives ne permet pas vraiment de s’attacher aux différents hôtes, ce fil rouge sang, ponctué d’une voix-off efficace, permet néanmoins de développer les psychologies de Vlad et de Radu au gré des existences empruntées.
En s’appuyant sur quatre dessinateurs issus de pays différents, qui se passent les crayons au fil des changements d’époque et de lieu, le graphisme accompagne brillamment les différents sauts de cette entité diabolique nommée « Légion ». Si la couverture et l’introduction sont l’œuvre du Français Mathieu Lauffray, l’Italien Mario Alberti s’occupe de la traversée en bateau, le Chinois Zhang Xiaoyu signe la déconvenue de l’empereur Napoléon en Russie, tandis que l’Espagnol Tirso illustre le passage londonien qui conclut ce premier volet. S’ils empruntent des styles graphiques distincts, ils parviennent néanmoins tous à installer cette ambiance sombre et pesante, qui souligne la présence de ces immortels, engagés dans un duel fratricide.
== Avis pour les 4 tomes ==
Je n'ai pas lu la série principale.
Une histoire étrange dans sa conception, avec plusieurs dessinateurs qui se relaient pour différentes époques et personnages. La narration est quelque peu éthérée, comme si nous la regardions de haut au lieu d'être immergé par celle-ci. C'est comme si on nous tenait à distance.
L'histoire va en s'améliorant au fil des albums, mais j'ai trouvé le 4e tome plus confus. La série principale adopte-t-elle le même style? En tout cas, cette prélogie ne m'a pas trop convaincu, malgré certains bons moments.
Je ne suis pas tellement convaincu par ces deux tomes d'un récit qui se veut être une sorte de préquelle de la série Je suis légion. Pourtant, il y a, aux commandes, Mathieu Lauffray et Fabien Nury. Bref, cela avait tout pour me plaire. Certes, c'est efficace mais je n'arrive pas à accrocher aux destins de ces personnages avec deux frères Vlad et Radu qui se combattent. Ce n'est pas ce que j'ai lu de meilleur sur le thème des vampires...
On glisse d'une époque à l'autre sans qu'il y ait un lien pour nous accompagner tout en douceur et avec habileté. Le fait qu'il y ait également plusieurs dessinateurs sur le même tome (genre planche 14 à 25 par untel etc...) ne m'a pas vraiment enchanté en raison de la discordance de style pour une même histoire. Il est vrai que la série mère ne m'avait pas vraiment passionné. Cela se reproduit en l'espèce. En tout cas, il ne se passe pas finalement grand chose dans ce premier tome.
Le second tome est plus intimiste car il dévoile une psychologie propre au personnage de Vlad donc quelque part plus intéressant. Au final, cela reste un travail satisfaisant.
Un scénario irréprochable et un graphisme éblouissant, voilà un Fabien Nury au sommet de son art, accompagné par 4 grands dessinateurs dont le talent ravageur donne à ce premier album une formidable dimension épique. C'est du grand spectacle parfaitement maîtrisé. La grande classe!! Et bonne nouvelle, le tome 2 est prévu pour octobre.