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égoûté par le massacre de la population troyenne, le Grec Idomeneus Decalionide décide de déposer les armes et d’œuvrer désormais pour la justice. Deux décennies plus tard, tout en s’amollissant, le puissant guerrier est devenu un éminent enquêteur et s’est associé à Aeson, son affranchi. Un soir de fête, les compères font la connaissance de Klytië, une étrangère venue chercher leur aide. Alors que celle-ci tente de les convaincre de l’accompagner dans son pays pour résoudre une affaire épineuse, d’étranges machines tueuses surgissent. Face au danger, Idomeneus et Aeson fuient avec Klytië à bord de son bateau. Ils ignorent qu’ils s’embarquent pour un périlleux voyage au-delà des colonnes d’Hercule, où dieux et hommes complotent dans l’ombre.
Du péplum à la sauce comique, voilà ce que propose Jean-Luc Sala (Bakemono, CIA – Le cycle de la peur, Cross fire) dans Ménage à Troie. Et l’humour ne manque pas ; il dégouline des dialogues. Potache, facile – parfois trop -, il se complait dans des jeux de mots plus ou moins bons, de petites références de derrière les fagots et de grands renforts de termes grécisés, souvent lestés d’astérisques explicatives dont, généralement, on pourrait toutefois se passer. Pour qui apprécie et conserve cet esprit bon enfant d’étudiant en goguette, cela fait mouche à tous les coups. Mais, pour les autres, hormis quelques pointes savoureuses, le martelage systématique de calembours finit par lasser.
Au-delà du côté comique à tout-va, ce premier volet introduit une histoire qui semble fleurer bon l’aventure, version mythologie revisitée et jupettes. Après une présentation circonstanciée des principaux personnages mâles, dont le lecteur peut mesurer la décrépitude à vingt ans d’intervalle, le scénariste en arrive enfin au point d’orgue avec l’arrivée de Klytië et sa sollicitation. Il faut cependant attendre la deuxième moitié de l’album pour que l’action débarque enfin avec fracas et que le tout prenne une tournure bien plus rythmée. Néanmoins, ce ne sont que dans les dernières pages que l’épaisseur de l’intrigue apparaît réellement et que l’intérêt décolle un peu. En espérant, évidemment, que la suite conservera ce soupçon d’intensité et de manigances à peine entrevu.
Côté dessin, Nicola Saviori (Akron le guerrier) s’en sort honorablement grâce à un trait semi-réaliste légèrement caricatural qui colle plutôt bien au récit, et à un découpage clair et lisible. Les protagonistes ont la gueule de l’emploi – surtout Idomeneus et Aeson -, de jolies filles aux courbes généreuses s’affichent gaiement au fil des pages et les Mekanidès tueurs ainsi que la gardienne des colonnes d’Hercule sont très réussis. Enfin, la mise en couleurs de Matteo Bassini (Luuna, agréable, soutient joliment l’ambiance de l’ensemble.
Malgré une entrée en matière un peu mince, Questor constitue un honnête divertissement, ni franchement déplaisant, ni vraiment transcendant. À réserver toutefois aux amateurs d’humour à tout crin.
Idoménéus, héros de la guerre de Troie et son fidèle porte-bouclier Aeson décident de ranger les armes et de devenir des Questeurs, des enquêteurs antiques.
La BD est clairement humoristique et prend place dans la Grèce mythologique.
Le dessin est dans le style Soleil avec des silhouettes marqués, des visages rectangulaires et des corps d'athlète. Il se marie très bien avec le style mythologique. Questor rappelle l'Hercule de Disney. Le trait et la couleur sont soignées tout le long de l'album, avec un contraste agréable. Les dernières planches sont vraiment réussis.
Le scénario met en scène une épopée mythologique classique avec la présentation des héros, la quête et les opposants. L'humour est très présent et les jeux de mots parsemant les planches fonctionnent bien avec de multiples références modernes. L'idée d'un héros désabusé qui veut changer de vie permet de donner une originalité au récit.
Ce premier tome inaugure une bonne série mythologique humoristique.