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ono et Lucy se sont rencontrés au centre des Acacias qui accueille des personnes atteintes de troubles mentaux, comme eux. Épris l’un de l’autre, ils vivent leur passion au jour le jour. Prise de médicaments, sorties pour travailler comme manutentionnaires, crises des autres pensionnaires, rappels à l’ordre des éducateurs débordés, rien ne les empêche de se retrouver en catimini le soir, ni de se bécoter dans les coins. Un jour, Lucy vole un livre sur les océans dans un hypermarché. Enthousiasmés par les belles images, les tourtereaux décident de partir à la mer. Après quelques appels à S.O.S Amitié pour obtenir les informations nécessaires, Nono et Lucy entreprennent le voyage…
Après Les Belles années dans lequel il évoquait son parcours d’élève aux Beaux-Arts de Lyon puis aux Arts Déco de Paris, Bernard Grandjean revient avec un nouvel album qui puise également au cœur de sa propre expérience, cette fois comme éducateur spécialisé. Un foyer d’accueil pour psychotiques constitue ainsi la toile de fond d’un récit qui se révèle, au fil des pages, d’une humanité poignante.
Avec une simplicité du verbe qui ne manque cependant pas de toucher, l’auteur brosse la belle histoire d’amour de Lucy et Nono allant au-delà de leur handicap respectif. N’étaient le lieu choisi, les gestes routiniers des personnages, les éclats de certains d’entre eux ou certaines réflexions des principaux intéressés, on pourrait croire à une romance classique. La première approche, le premier rendez-vous – nuitamment -, les baisers volés entre deux portes, le rêve de partir ensemble, tout y est. Mais le contexte même confère à cette idylle un caractère différent, une beauté singulière, tout en la sublimant. L’escapade à la mer prend donc une allure et un parfum particuliers, uniques, exceptionnels. Le lecteur se prend même à sourire avec tendresse aux efforts de Lucy qui, comme une enfant en train de faire une bêtise, téléphone en cachette à S.O.S amitié pour savoir comment aller jusqu’à la côte, ou face aux effarements des deux tourtereaux lorsqu’ils sont pris en stop par un couple de (trop) joyeux drilles. Le dénouement survient tout en douceur, si bien que la tragédie, palpable des pages précédentes, en paraît volontairement atténuée et s’accompagne d’une note d’espoir dans la toute dernière planche.
Portant joliment ce récit, le dessin au trait lâché et simple de Bernard Grandjean s’appuie sur une bichromie à dominante bleue qui apporte une touche tendre et douce à l’ensemble. Cadrages et découpage accentuent encore la justesse et la sensibilité du propos dans cet album qui ne laisse pas indifférent.
C'est une bien triste histoire sur un sujet délicat que celui de la vie des handicapés mentaux dans les centres adaptés. On découvre que le métier d'éducateur n'est pas simple dans le quotidien d'une cinquantaine d'handicapés mentaux. On va s'attacher notamment à deux d'entre-eux à savoir Lucy et Nono. Lucy rêve d'aller voir la mer. Elle fera tout pour y parvenir. Nous allons suivre ces deux protagonistes dans une sorte de road-movie. L'amour simple est une passion partagée sans jouer sur la corde sensible.
J'aime bien généralement le dessin bichromie bleu-pâle qui fait ressortir de la douceur. Il y a aura également beaucoup d'image sans parole qui joue sur un effet mi-poétique. On remarquera également la justesse des personnages plus vrais que natures dans la France des années 70 avec ses magasins Mammouth.
Au final, une belle tranche de vie mais trop déprimant en ce qui me concerne. Une bd rare sur la trisomie.