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runo le Floc'h a l'habitude de surprendre le lecteur en proposant des récits et des façons de raconter différents et même un graphisme évoluant d'album en album. L'auteur embarque à nouveau avec ces Chroniques Outremers, voguant pour ce premier tome sur les flots de la Méditerranée. En ces époques sombres de la Seconde Guerre Mondiale, aucun rivage n'est sûr, aucune mer n'est tranquille et aucun équipage n'est digne de confiance. Le jeune lieutenant anglais est en charge du rapatriement de fusils récupérés à des trafiquants pour les rendre aux Alliés. Il pense conduire le navire à Gibraltar, pourtant, il n'est pas au bout de ses surprises, car le capitaine Tana, opiomane, le capitaine Bjornson, et celui que les mexicains appellent « compadre » ont tous les trois des visions différentes pour l'utilisation de cette cargaison.
L'album s'ouvre sur l'accostage du rafiot des contrebandiers et la lutte armée pour récupérer les armes. Avec de gros plans, des cadrages dynamiques et originaux, un sens aigu du rendu à bord, Bruno le Floc'h saisit rapidement son lecteur. Aidé de ses traditionnelles couleurs criardes en grands aplats, la scène capte l'attention. L'histoire se déroule alors sur un faux rythme, l'entrain de l'auteur permettant de raviver souvent la flamme d'un récit où il est facile de lâcher prise. Les personnages tout autant mystérieux que fourbes dévoilent peu à peu leur vrai ou double visage. Les supercheries et les rebondissements ne manquent pas, mais entravent un peu la fluidité de l'ensemble.
Le trait de le Floc'h tantôt épais, tantôt plus fin, s'agrémente de touches d'ombre, d'un encrage par tâches, évoquant parfois les personnages de Hugo Pratt. Cette dimension moins lisse, plus travaillée, plus « cabossée », par rapport à ses travaux précédents, correspond bien au thème de l'album et la ligne claire dominante permet tout de même une grande lisibilité.
Ce premier tome des Chroniques Outremers laisse une belle impression, la suite est attendue rapidement !
Superbe!!
C'est le premier album de Le Floc'h que je lis, et c'est un plaisir; une réussite à tous points de vue.
D'abord le dessin et les couleurs: enfin un auteur qui a véritablement la mer dans le sang et qui arrive à magnifiquement retranscrire la beauté de l'Aventure Maritime, même à travers une histoire somme toute violente du fait du contexte de la guerre.
Cet album fait partie des ouvrages avec lesquels on embarque dès la première planche. Tout parait simple à cause d'un coup de crayon pur mais c'est très bien vu: le rythme, les plans... c'est du très beau et du nouveau.
Ceux qui aiment les intrigues du large en auront pour leur argent; il y a d'ailleurs dans cet album une forte inspiration de l'ambience des oeuvres d'aventures d'Henry de Monfreid, un des derniers véritables aventuriers du 20ème siècle, et dont le personnage de Liro Tana m'a l'air inspiré (me trompe-je Monsieur Le Floc'h?)...
Je reprends à mon compte la chronique de Lalout-Hédard car j'ai aussi détecté un hommage à Hugo Pratt.
Ayant u la chance de rencontrer Mr Le Floc'h lors d'un salon du livre en Bretagne, j'ai trouvé globalement son œuvre très intéressante et très poétique notamment sur la Bretagne et la guerre de 14-18.
De très belles planches parsèment l'album et je me suis arrêté en page 52, à l'appareillage des deux bateaux, c'est vraiment magnifique et cela nous fait oublier presque que l'Europe est en guerre. Au fait, nous sommes dans la première, celle de 14-18, ce qui n'est pas évident de prime abord.
Un récit qui se lit facilement, fluide et bien imprimé.
Un seul bémol : ces petits traits d'encre qui , à mon avis, brouillent le graphisme ligne claire de Floc'h ( pages 48, case 3 par exemple) au point de ne pas m'être laissé tenté par le récit précédent : "Saint-Germain, puis rouler vers l'ouest !".
Cela étant, ces traits on tendance à s'estomper vers la fin du récit. Tant mieux.
Un livre à lire, conserver et relire lorsque le tomme 2 paraitra.