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Les boucliers de Mars 1. Casus belli

28/03/2011 8057 visiteurs 5.3/10 (3 notes)

L a guerre contre les Daces sur le Danube monopolise l’attention et les moyens de l’empereur Trajan. Pour Rome, il ne serait pas souhaitable d’entrer en conflit avec les Parthes, alliés des Romains depuis des décennies en Orient. C’est pourtant ce que les Dieux semblent sous-entendre lorsque l’un des bouliers de Mars chutte du mur où il est ancestralement accroché. Mais les Dieux sont-ils vraiment à l’origine de cet incident aux conséquences désastreuses ? Intrigues et machinations (re)naissent au pays de la Louve.

Gilles Chaillet n’a plus à prouver sa connaissance de la Rome antique, son ouvrage Dans la Rome des Césars faisant désormais référence. Si Casus belli semble prendre appui sur un socle historique solide, le récit vacille sur sa base unique : la trahison. Un complot est né et c’est la seule information qui transpire de ce premier tome peu consistant. Bien moins qu’une introduction, ce n’est qu’un postulat de départ. Époque souvent appréciée des amateurs d’Histoire, l’Antiquité a déjà été l’occasion de séries pertinentes (Murena, Alix, Tiresias, etc.) et trouver sa place en supportant la comparaison n’est pas simple.

Les efforts de Christian Gine pour se fondre dans l’ambiance fourmillante de détails ne sont pas vains, la crédibilité des faits et gestes est assurée par des décors travaillés et une dynamique de mouvement adaptée à l’action, même si la précision peut parfois nuire à une certaine fluidité. L’adaptation au contexte reste une qualité d’un auteur dont l’expérience n’est plus à démontrer. La maitrise des ombres et de la lumière est malheureusement moins prégnante. Souvent trop présentes, voire inadaptées ou positionnées aléatoirement, elles contribuent à un sentiment d’approximation des couleurs d’Antoine Quaresma qui pénalise la lisibilité et le plaisir de lecture.

Les boucliers de Mars peine à s’installer et il n’est pas certain que les lecteurs soient disposés à tenter l’aventure sur l’ensemble des trois albums prévus si dès le premier l’accroche n’est pas suffisante. Il est néanmoins évident que la densité devrait être présente sur un cycle court. C’est à espérer !

Par T. Pinet
Moyenne des chroniqueurs
5.3

Informations sur l'album

Les boucliers de Mars
1. Casus belli

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L'avis des visiteurs

    Benjie Le 18/04/2021 à 18:21:31

    L’histoire de la Rome antique est une période qui m’intéresse particulièrement. Alors évidemment, ce récit m’a plu et bien plus encore. J’admire cette rigueur qu’a Chaillet dans ses récits sur l’Antiquité romaine. Cette précision des dialogues et des dessins est peut-être un peu lourde mais c’est un régal pour tout passionné : les rues, les boutiques, les maisons et leurs intérieurs avec tous les détails. Les costumes, les armes, bref… tout y est. La chute d’un des boucliers du Dieu Mars est le très bon début d'un scénario qui ne demande qu’à se développer avec intrigues, menaces de guerre, trahison et rebondissements. La dimension géographique du récit enrichit aussi l’histoire de points de vue différents sur la puissance impériale. On découvre les frontières de l’empire et leur fragilité. Le danger n’est jamais loin et les garnisons ont depuis longtemps perdu la rigueur de la discipline romaine. C’est vrai que c’est un peu lent par moments mais les dessins sont là pour nous faire apprécier les temps où il ne se passe pas grand-chose. Seul bémol pour le dessin, les personnages qu’on a parfois du mal à reconnaître.

    Erik67 Le 22/11/2020 à 14:36:39

    J’aime bien lire les bds qui retracent des histoires se passant sous l’Empire romain. En l’occurrence, nous explorons le règne de Trajan qui a été peu évoqué jusqu’ici. On découvre l’obsession de l’Empire à vouloir protéger ses frontières que ce soit le long du Danube ou encore dans les lointaines provinces du Moyen-Orient. Pour autant, Trajan ira encore plus loin dans la conquête de nouveaux territoires. En effet, aucun empereur romain n’a été aussi loin à l’est, et aucun n’a autant étendu l’empire.

    Il est question d’une prophétie funeste liée à un bouclier. On s’aperçoit très vite qu’il s’agit plus de manipulation politique qui accuse les Parthes, de fragiles partenaires des romains qui n’hésiteront pas à bafouer les traités de paix pour conquérir l’Arménie et la Mésopotamie. Il est dommage que la mise en scène soit si pesante par moment ce qui a pour conséquence d’avoir l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose. Le graphisme ne semble pas à la hauteur de ce projet. On ne reconnait guère les différents protagonistes ce qui est un peu ennuyeux.

    Cependant, dans l’ensemble, cela reste passable. Bref, l'enthousiasme n'y est pas. Je reconnais un travail de rigueur au niveau de l'histoire de l'Empire romain. Le scénariste est malheureusement décédé peu avant la parution du second tome. Cela ne va pas aider pour la suite.

    kingtoof Le 09/07/2018 à 14:55:55

    Ma note 2,5.
    La lecture de ce premier tome, fait passer un bon moment.
    Le scénario semble classique avec un complot qui se trame à l'intérieur de l'Empire Romain.
    Les dessins ont des traits un peu grossiers, mais on s'habitue en cours de lecture.

    pysa Le 11/10/2017 à 23:21:39

    IIe siècle. Rome, dirigée par l'Empereur Trajan, est en guerre contre les Daces. Mais le danger pourrait venir des Parthes et de leur roi Vharam. Gillet Chaillet signe un de ses derniers scénarios magnifiquement mis en image par Christian Gine.

    sansache Le 24/02/2013 à 10:48:52

    Plutôt qu'un discours inutilement long et pompeux et une critique façon "Telerama", restons modeste et ne boudons pas notre plaisir. Certes Chaillet a été formé à l'école "Alix", ça se sent. Après, il reste une reconstitution rigoureuse, documenté, un contexte historique respecté, sans aberration ni anachronisme flagrants. Pas d'artifice, pas de magie, pas de raccourci historique ...
    Les séries sur l'Antiquité sont de plus en plus nombreuses (enfin !) et celle-ci tient sa place honorablement.

    kergan666 Le 23/10/2011 à 20:16:00

    pour ma part, j'ai beaucoup aimé cet album
    la façon de jurer assez "moderne", m'avait intrigué, mais après renseignements, les Romains étaient proches de nous à ce niveau
    j'ai bien aimé la qualité des dessins même si ceux-ci manquent un peu de clarté et de finesse à mon goût
    rien à dire en revanche pour le scénario du regretté Gilles Chaillet spécialiste s’il en est de Rome
    néanmoins, il n'y a pas la même présence que sur Muréna, le sujet étant moins porteur je pense
    un petit lexique aurait été le bienvenue
    une très bonne bd à mon sens d'ont j'attends avec impatience le second tome

    xcorion Le 31/03/2011 à 13:37:26

    Sous le règne de Trajan, un bouclier « de Mars », à la puissance réputée prémonitoire pour devoir par sa chute prévenir Rome des périls les plus graves, tombe, en pleine réception de délégations étrangères, aux pieds de l’ambassadeur impérial Parthe. Accident, machination ou signe des dieux ? Lorsque l’Empire tourne son regard et toute sa puissance vers les lointaines marches germaniques, une attaque des Parthes à l’autre bout du monde serait une catastrophe…
    Au même moment, un brillant officier romain ayant toute la confiance de l’empereur et par ailleurs témoin de l’affaire du bouclier arrive dans la province de Syrie pour reprendre fermement en mains la place-forte de Zeugma accrochée aux rives de l’Euphrate, frontière naturelle avec l’empire Parthe.

    Le trait surprend le lecteur, jusqu’à pouvoir le dérouter. Le dessin n’offre pas une ambiance fourmillante de détails mais se caractérise au contraire par une sobriété naïve. Paysages urbains, d’intérieurs (comme les salles palatiales du Palatin ou de Zeugma), d’extérieurs (comme les scènes se déroulant dans les campagnes de la province de Syrie), c’est un monde antique dépouillé qui se révèle, monde de formes plus que de détails : les ponts sont identifiables par leurs arches seulement, les fortifications par leurs crénelages…
    La couleur semble être à l’origine de cet effet « BD pour enfant », car le dessin au crayon qui orne l’angle supérieur de la préface de Convard montre un rendu beaucoup plus farouche et moins naïf.

    Une fois ce parti-pris esthétique accepté, la BD se laisse bien lire, mais rares sont les cases à se distinguer particulièrement : celle montrant l’incendie de Rome, superbement ratée grâce à ses flammes du premier plan qu’on pense être des algues marines, celle montrant simplement la cape de Charax au détour d’une rue portant le bouclier, sublime pour cette « absence » du héros qui, paradoxalement, fait parfaitement sentir la rapidité et les détours compliqués de la marche du héros dans la complexité urbaine de la Ville éternelle.

    Le scénario, comme le dessin, se laisse lire, bien qu’ennuyeux par moments.
    - D’emblée, une pointe d’agacement: la succession du résumé à l’arrière, de la préface superbement inutile de Convard et des deux premières pages d’ouverture de la BD proprement dite font de cette oeuvre un redoutable test pour évaluer la présence et l’étendue de la maladie d’alzheimer. Le lecteur doit en effet s’alarmer et se précipiter chez son médecin de famille si au bout de ces trois/quatre fois successives, il ne sait toujours pas que le bouclier de Mars indique l’imminence d’un péril grave pesant sur le destin de Rome…
    - La péripétie du bouclier relève du merveilleux le plus authentique : non content de tomber au bas du mur à la balustrade duquel il était accroché, il va jusqu’à se déplacer sur ses petites jambes pour indiquer clairement l’ennemi, louvoyant gracieusement sur 10 bons mètres avant de tomber, non pas devant l’ambassadeur Parthe lui-même (visiblement, le bouclier magique sait se déplacer, pas monter les gradins de l’estrade), mais au pied d’un autre ambassadeur/ membre de l’ambassade Parthe ?? De plus, personne ne se pose la question de savoir si le bouclier qui tombe est le vrai ou l’une des onze autres copies…
    - La scène de l’esclave de la Régia a un début assez lourd, la faute au discours trop explicatif de l’esclave, discours dont on ne comprend pas trop l’utilité: « bonjour, je m’appelle Servius, je suis chauve, j’aime les frites, je suis préposé à ce temple depuis X générations, il y a de l’humidité, je pense acheter une gazinière… ».
    - La scène de colère de l’ambassadeur Parthe contre l’empereur himself. Qui peut se permettre de se mettre en colère en lançant un bouclier sur un empereur, puis repartir tranquillement sans se faire décalquer contre le mur dans la seconde ? La logique de la scène vaut d’être résumée : 1) l’ambassadeur Parthe annonce clairement qu’il va revenir à Rome pour tout casser comme un malpoli. 2) il emprunte un bouclier mal tenu par un soldat en goguette, et le lance sur le trône et la personne de l’empereur. 3) Propos de Trajan qui visiblement a parfaitement compris la situation : « je te pardonne varham, parce que tu as toujours été un allié fidèle… ».
    Cocasse.
    - La scène du prophète du peuple, originale: un loqueteux, une barbe, un bâton.
    - Certains dialogues. Entre les références à la culture romaine et le cadre oriental dans lequel se déroule une bonne part de l’action et qui semble obliger le scénariste à faire dans la poésie, on obtient des dialogues pénibles: Apamée est évidemment « vibrante et sensuelle », le Parthe a le regard qui fait « courber les fauves de la montagne »…
    - Rivalité classique entre le « fils de » et le gradé des classes populaires.
    - La prise de la forteresse par trahison est sans aucun suspens, puisqu’on la suit pas à pas. Dommage à mon sens. Il y a avait matière à produire un effet de surprise intéressant pour destabiliser le lecteur.

    Mais ces points plutôt négatifs ne doivent pas éclipser les réussites :
    - On évite l’histoire « femme richissime et désoeuvrée. STOP. Recherche réconfort physique. STOP. Bras musculeux de légionnaire préférés. STOP »
    - La rivalité n’est pas figée dans un radicalisme excessif, et le scénariste sait montrer l’union des forces quand un péril commun menace.
    - Le suspens est bien parfois bien amené et entretenu. Chaillet sait ainsi éviter des ornières scénaristiques du genre et réussit efficacement à tromper le lecteur en faisant semblant de prendre à son compte, pour mieux les éviter, des péripéties à ce point classiques qu’on croit deviner leur dénouement par avance (pénétration de l’armée dans les gorges encaissées, harcèlement de la légendaire « flèche parthe »…).
    - La fin, lourde par ses dialogues encore une fois, est cependant réussie, le lecteur ne comprenant absolument pas quelles sont les forces à l’œuvre dans une « affaire » qui semble devoir s’étendre aux dimensions de l’Empire tout entier.

    Une BD classique donc, avec ses défauts et ses réussites, qui se laisse lire.

    http://bdcritix.over-blog.com/