N
agisa ne se sent plus à l'aise dans ce collège qu'elle souhaite quitter pour intégrer les forces d'auto-défense. Ce choix n'est pas guidé par un idéal, mais il apparaît comme le plus sûr moyen d'aider sa mère, veuve, à joindre les deux bouts. Et le lycée, l'année prochaine, ce serait pour apprendre quoi ? Une étrange et frêle brune intègre sa classe : Mozuku Umino, fille d'une vedette du cru qui connut le succès avec une chanson énigmatique. Rapidement, elle presse Nagisa de devenir son amie. Mais ce n'est pas le plus curieux : elle répète avec conviction qu'elle est une sirène qui disparaîtra sous forme d'écume si elle ne réalise pas son rêve... Que sont ces ecchymoses qui marquent ses jambes ?
Étrange, l'adaptation du récit de Kazuki Sakuraba, Sugar candy bullets can’t pierce anything, l'est au moins autant que l'héroïne qu'elle met dans les pattes d'une adolescente plutôt solitaire et déboussolée, sentiment que le lecteur ne tarde pas lui-même à éprouver. Après quel lièvre (ou lapin si l'on s'en réfère à une légende évoquée dans le livre), l'auteur court-elle ? À force de multiplier les pistes, détaillées mais laissées parfois sans suite pour le moment (le contexte et l'environnement dans lesquels évoluent les personnages, malgré leur fort potentiel, par exemple), le doute s'installe rapidement.
Un portrait de la jeunesse, de ses doutes, de ses difficultés à s'ouvrir aux autres, de son mal-être ("quel désespoir que d'aimer") ? Certaines pathologies, exposées subtilement, telle que l' "Hikikomori" qui affecte des "gens vivant cloîtrés dans leur chambre", mal dont s'accommode le frère de la collégienne depuis la mort de leur père, valideraient cette hypothèse. Tout comme les élans de mythomanie ou la rengaine obsessionnelle auxquels Mozuku semble sujette. S'agit-il de mystères à résoudre ou de la trame d'une enquête avec un coupable à démasquer sur fond de maltraitance, d'accès de folie ? C'est ce pourrait laisser penser la vision de la chair meurtrie ou la macabre découverte qui marque la fin de ce volume. Est-ce le prélude à un récit prêt à basculer dans le fantastique le plus débridé ? Bien malin, celui qui prétend deviner l'issue de ce curieux diptyque.
Indiscutablement intrigant, mais aussi horripilant, par instants, que sa sirène aux stigmates peut l'être, A lollypop or a bullet (ce titre...) n'a probablement pas encore révélé toutes les fausses pistes, les contre-pieds et les surprises dont on le soupçonne capable. Hors norme dans un paysage où les récits standardisés se bousculent et font bailler, les sept scènes qui composent la première partie retiennent l'attention ; le second volet dira si le manga signé Iqura Sugimoto (Variante - Glénat) est une authentique et originale réussite ou si elle fait (lolly)"pop !".
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