D
ans la banlieue de Séoul, à la fin des années 80, Min-sun, une gamine de huit ans, essaie tant bien que mal d’élever son niveau de nageuse et de quitter, enfin, la section « canard », le groupe des débutants. Dans les lignes d’eau voisines évoluent notamment sa grande sœur, Min-jin, ainsi qu’une camarade de classe, Hee-young. Toutes deux ont intégré le pôle compétition et sont rapidement devenues les coqueluches de l’école. Dans une société coréenne qui prône le culte de l’excellence et qui rejette sans concession l’insignifiance et la médiocrité, entre une mère qui passe son temps à boursicoter et un père qui est aux abonnés absents, Min-sun ne parvient pas à sortir la tête de l’eau.
Yoon-sun Park signe avec Sous l’eau, l’obscurité une chronique sociale intéressante ayant pour cadre la Corée du Sud d’il y a vingt ans. En observant la vie de Min-sun, écrasée par la concurrence et isolée au sein d’une cellule familiale qui n’a d’yeux que pour son aînée, l’auteure souligne l’absurdité du système et pointe du doigt sa dangerosité. La fillette, livrée à elle-même et devenue rebelle, se rapproche ainsi sérieusement de la délinquance, seule manière, pour elle, d’exister et de se distinguer.
Clé de voûte de l’histoire, le centre nautique symbolise la réussite de chaque individu dans une société où seuls ceux qui savent garder la tête hors de l’eau peuvent prétendre à une place de choix. Tandis que les autres, aspirés par le fond, se partagent les miettes de ce que les élites veulent bien leur laisser. Le récit aurait sans doute gagné à être un peu plus détaillé. Pas mal d’événements sont à peine abordés, d’autres simplement suggérés. Le plaisir de la découverte est ainsi estompé par un sentiment de frustration, celui d’effleurer le sujet sans avoir les moyens de le comprendre totalement.
Reste le dessin en bichromie, à dominante bleue, très agréable, dont le côté aérien, en adéquation avec le scénario, laisse une impression de survol, en lieu et place d’une parfaite immersion.
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