À 15 ans, Silène est clouée dans un fauteuil roulant depuis que les médecins ont détecté sa leucémie. Pour s’affranchir du regard de ses parents et de ses camarades après un choix douloureux, elle décide de s’installer dans un chalet tranquille à Ardemal, tenu par un certain Lameth. Là, elle fait la connaissance des sept autres résidents qui s’avèrent posséder chacun une nature et des pouvoirs peu communs. Mais la quiétude des lieux est bientôt perturbée par l’apparition de Dante, ennemi pluriséculaire de Lameth qu’il entend éliminer afin d’imposer sa vision du monde : la suprématie des êtres de légende sur les humains.
En regardant la page de garde de Surnaturels, difficile de s’empêcher de penser à certains super-héros made in US, X-men en tête – et pas seulement à cause de cette chaise pour invalide évoquant celle du professeur X. Cependant, la présence de vampires, d’un loup-garou et d’autres créatures élargissent le champ, tout en constituant autant de références à la richesse de l’univers fantastique. De ce rassemblement de figures aux dons exceptionnels auxquelles il a adjoint une héroïne humaine que dévaste la maladie, Arnaud Dollen tire un récit concentré sur le classique combat millénaire entre le Bien et le Mal, passant ici par la cohabitation ou l’affrontement entre les êtres surnaturels et les descendants d’Adam.
Si, en soi, le propos ne propose rien de bien neuf, le traitement se révèle plutôt bien mené. En effet, après une introduction montrant la dernière lutte, deux siècles avant les évènements, entre Lameth et Dante, le scénariste présente rapidement chacun des protagonistes, esquissant leur caractère et pouvoirs respectifs et s’attardant sur la zone obscure entourant l’origine de l’arrivée de Silène au chalet. L’histoire bascule ensuite dans l’action et ne connait presque plus de pause jusqu’à la dernière page. Au service de ce récit, le dessin de Jérôme Alquié joue sur la vivacité et l’expressivité du trait, la dynamique du découpage ainsi que la fraicheur acidulée de la mise en couleurs.
Un choix tellement humain tient bien son office de tome de présentation et lance le début d'une aventure qui plaira sans doute au public adolescent qu'il vise (voir l'allure juvénile de la majorité des protagonistes ou l'évocation visuelle du blog de Silène). Les autres y goûteront un moment de distraction honorable.
Surnaturels est destiné à un jeune public. L'inspiration manga est très présente à la fois dans le scénario et le dessin.
• Le scénario est léger, trop pour un adulte. Le sujet et son traitement sont naïfs : l’éternel lutte entre le bien et le mal. Les différents types d'immortels sont bien pensés, mais malheureusement, pas assez développés. Ce premier tome fait l'effet d'une longue introduction qui sert à présenter chaque personnage à l'image des mangas. On se laisse quand même bercer par l'histoire, surtout que le dessin la sert très bien.
• Le dessin est très propre et excellent, à condition d'aimer le style manga.
• Les couleurs sont très soignés, tant au niveau du choix que de la technique.
Au final, un aspect graphique très bon dans le style manga colorisé, pour une histoire fantastique "jeunesse" servant d'introduction à une série prometteuse.
Les belles planches sont travaillées numériquement et attirent l'oeil, qui se laisse envoûter d'autant plus facilement que les couleurs y sont vives et les dessins si fins et agréables. Les pages défilent rapidement, trop rapidement à vrai dire mais je ne m'en rend compte que progressivement. Une fois l'aveuglement passé, la réalité me saute enfin au visage, et avec une telle force que le vertige me submerge. L'évidence déchire enfin le voile brumeux du visuel chatoyant. Le plus beau des vernis ne suffira jamais à cacher le vide intersidéral du scénario de cet opus et la faiblesse indigente de la trame narrative. Poncifs surannés surfant sur le thème du combat entre le bien et le mal, gloubiboula réchauffé à base de monstres surhumains, petit animal domestique mutant issu d'un clonage entre rintintin et un chipmunk, ... tout y passe pour vous foudroyer dès la moitié de l'album et vous plonger dans une dépression abyssale. Car comment justifier après une si courte lecture un achat aussi compulsif que honteux ? Un seul conseil avant de retourner me planquer dans mon armoire à double fond et y ruminer ma honte : passer votre chemin... ou venez me rejoindre à blues-land.