U
n homme est accusé de meurtre. Face au jury, son avocat va tenter de plaider sa cause. Sur son banc, Alain, médecin de campagne, revit les événements qui l’ont placé dans cette inconfortable situation.
C’est dans la grande tradition des films « à procès » que le Serpent d’Hippocrate débute. Derrière cet excellent titre, Frédéric Pontarolo plonge le lecteur dans un fait divers de (presque) tous les jours que le regretté Claude Chabrol n’aurait pas dédaigné. L’auteur de James Dieu revisite le classique trio femme-mari-amant. Isabelle est mariée à Paul, un militaire de carrière en mission en Irak (le récit se déroule durant la première guerre du Golfe), et Alain entre dans sa vie alors qu’elle le consulte à propos d’un petit coup de blues. Très vite, sous l'impulsion de cette dernière, une relation plus intime va se crée. Chapitre après chapitre, les années passent, Alain quitte sa femme, tandis qu’Isabelle tente de retrouver un certain équilibre en s’éloignant d’un conjoint apparemment des plus violents.
Le scénario, principalement construit autour d’Alain, montre bien tout l’engrenage, avec ses hauts et ses bas, de cette rencontre. Pontarolo décortique avec un talent certain les relations humaines. Toujours délicat à manier, le long retour en arrière est très bien maîtrisé. De plus, l’auteur semble prendre un certain plaisir à jouer avec les ellipses, et, comme il domine parfaitement cet outil narratif, il réussit à rendre cette histoire de tous les jours des plus passionnantes. Seul bémol, le ton un peu sec sur la longueur – il manque peut-être un brin d’humour ici ou là. La lecture n'en demeure pas moins très prenante.
Graphiquement, le résultat est également à la hauteur. Très typée « cinéma », la mise en page est particulièrement réussie. Outre les gros plans et le découpage de l’action façon story-board, le dessinateur utilise également abondamment, avec succès, différents jeux d’optique (plongées et contre-plongées avec effets « œil de poisson ») dans sa mise en scène. Comme pour le scénario, il possède également un sens de l’ellipse dessinée très au point, les allers et venues de Paul, alors en permission, en sont un parfait exemple. Tous ces effets, qui pourraient alourdir la narration, restent, heureusement, toujours au service du récit.
Fiez-vous au titre, toutes les histoires d'amour ne finissent pas bien. Un album à lire, sans prescription !
Poster un avis sur cet album