Appollo et Stéphane Oiry. Difficile de parler d’Une vie sans Barjot sans commencer par citer ses deux auteurs. Pour deux raisons. La première est l’importance qu’ils commencent à prendre dans le paysage de la bande dessinée actuelle. Même s’ils ne sont pas connus du grand public, ils y prennent d’année en année une place plus qu’intéressante, à commencer par leur façon de s’affranchir des frontières et d’aborder à la fois une BD grand public et une BD plus intimiste. La seconde réside dans cette impression de revanche qu’ils doivent aux lecteurs de Pauline (et les loups-garous). Leur première collaboration avait en effet laissé une impression d’être passé de très peu à côté de quelque chose d'exceptionnel, mais qui méritait d'être plus abouti. Ils avaient alors choisi un sujet délicat, la confrontation au sexe, dans son aspect le moins supportable, lors du passage de l'adolescence à l'âge adulte. Le résultat, âpre et sans illusion, avait pu laisser certains lecteurs un peu à l’écart.
Le retour du duo d'auteurs était attendu et, cette fois, l'attente est récompensée. Ils s’attaquent ici encore une fois à l’adolescence, et racontent la dernière nuit de Matthieu dans sa ville provinciale, avant son départ le lendemain pour étudier à Paris. Une dernière nuit dont Matthieu compte bien profiter. Profiter pour solder ses comptes avec son adolescence, s’affranchir de l’autorité de ses parents, traîner, se sentir vivre avec ses amis de toujours. Parmi eux, Christophe, l’intellectuel exalté à la recherche d’un destin de littérature. Barjot, l’autre ami que la vie n’a pas gâté, et qui semble se foutre de tout pour mieux la supporter. Et il y a aussi et surtout Noémie. Noémie dont Matthieu est amoureux depuis plusieurs années, sans jamais avoir osé lui dire, et qu’il voudrait voir une dernière fois... Noémie qui l’invitera en début de soirée à la rejoindre à une fête chez une amie. Invitation qui donnera un réel sens à la dernière nuit de Matthieu, celui-ci n’ayant plus pour autre but que de la retrouver. Dernière folie à réaliser pour sortir de cette adolescence.
Commence alors un road-movie urbain et nocturne. Et se dessine un portrait juste ce qu’il faut d’amer de cet âge ingrat, celui où l’adolescence semble se terminer. Le portrait de cette jeunesse qui n’a plus réellement d’attentes, qui cherche à s'oublier par le biais du rock, du sexe, des drogues douces, et à fuir la banalité de la vie d’adulte, qui semble être son seul futur possible. Ce moment où l’on voit le vrai visage des adultes, celui d’hommes simplement plus vieux, dont les attentes n'ont pas changé depuis l'adolescence. Le désenchantement de se rendre compte qu’il n’y a pas de transition, de changement réel, simplement une continuité, et que l’essentiel est ailleurs. D’errances en rencontres plus surprenantes les unes que les autres, mais pourtant tellement banales si on y réfléchit bien, Matthieu finira par se rapprocher de son but.
Est-ce une vision un peu plus optimiste que dans Pauline qui permet d'apprécier cet album différemment ? Sûrement. Mais tout n'est pas qu'une question de ton, tant la richesse de cette nuit blanche découverte sur les pas de Matthieu est indiscutable. Il faut saluer le travail d’Appollo. Derrière ses dialogues, derrière la construction de son récit et le portrait tout en justesse de ses personnages, se glisse une critique toute en finesse de l’attente d’une certaine jeunesse. Il faut tout autant saluer l’encrage et les couleurs de Oiry qui s’exprime à pleine mesure dans ces ambiances et ces scènes de ville nocturnes. Ses pages enserrent dans un noir chaleureux les protagonistes de l’histoire. Le ton est juste, tout comme le propos.
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C'est le genre de roman graphique que je n'aime pas vraiment. En effet, on va suivre la nuit chaotique de deux jeunes branleurs au gré de leurs humeurs comme une espèce de road-movie urbain et nocturne. Bref, c'est du sans intérêt en ce qui me concerne. Je ne suis pas du tout arrivé à m'intéresser à ces personnages qui sont encore à l'âge bête et qui se cherchent un but ou une raison de vivre un rêve pour passer à l'âge adulte.
C'est surtout les scènes scatologiques qui me font fuir. L'insouciance de la jeunesse est l'un des thèmes traités. La superficialité ne m'attire pas du tout. Est-ce une critique à peine voilée d'une certaine jeunesse ? On peut se poser la question. En tout cas, je n'ai pas l'impression que le récit décolle à un moment ou l'autre. Même le personnage principal qui doit vivre sa dernière nuit avant un départ pour la capitale me semble d'une fadeur sans nom. Cela manque de dynamisme et d'énergie. Un comble pour une histoire de jeunes !
J'aime beaucoup ce que fait actuellement Futuropolis. Cependant, ce titre semble être un raté de cette collection car le fond et la forme ne m'ont guère attiré.
Enième chronique sociale qui traite d'une tranche de l'adolescence, et plus précisément de cette période charnière entre la fin du lycée et le début des études supérieures. C'est plutôt bien vu, ça rappelle des moments que l'on a probablement tous plus ou moins vécus (déambuler seul la nuit dans les rues de la ville, flasher sur une jolie fille du lycée sans oser l'aborder, se faire embarquer dans des plans foireux par ses potes relous ...). Rien de fou cependant (y compris dans le dessin, sympa mais sans plus), même si la lecture passe bien. Mention spéciale pour les couleurs qui apportent un plus (les scènes nocturnes imprégnées de bleu-nuit sont très chouettes).
Une revue de l'adolescence où chacun s'y retrouvera un petit peu.
Les changements de couleurs se rapportant à différentes scénes rythment bien ce scénario. Aprés, on tombe dans certains clichés mais bon, on passe un bon moment.
A lire....
Un petit bijou, tant sur le fond, avec l'inévitable désillusion au sortir de l'adolescence, sur le monde des adultes et sur l'amour, que sur la forme, avec une obscurité bleutée du plus bel effet, mais pas menaçante, au contraire... Omniprésente mais chaleureuse.
On se reconnait aisément dans les réflexions du jeune Mathieu, à la portée très universelle, et qui feront inévitablement resurgir des images fortes dans le passé de chacun.
On a tous le souvenir de cette fille au lycée qu'on n'osait pas aborder...
Le ton est très réaliste, et frappe très souvent là où ça fait mal, mais sans dramatisation à outrance, avec lucidité mais sans psychodrame.
Le happy end ne pique pas trop les yeux, et on en sort avec le sourire.
Je n'attendais pas spécialement grand chose de cette BD et je suis bien content de m'être complètement planté.
Je vous la recommande chaudement !!