L
es Bombinettes, paisible petite ville de la France profonde uniquement rythmée par la bonhommie de Monsieur le maire, Raymond Orloff (comme le rôti), voit sa sérénité bousculée par deux faits extraordinaires. D’abord la disparition du "I" de l’enseigne du "Bar du coin", puis l’arrivée d’une jolie camionnette rose sur le marché du village. Au volant, Amandine, qui va perturber l’ordre établi et les bonnes mœurs en proposant des sex toys aux habitants.
Après l’univers loufoque de La nef des fous, Turf investit la province française pour composer une satire sociale désuète, sur le bouleversement des habitudes bien ancrées d’une population adepte de la tranquillité. Marque de fabrique de l’auteur, le travail sur les personnages est exemplaire. Soignés aux petits oignons, ils sont soit truculents à outrance à l’image du maire revisité en Gustave Labarbe goguenard, soit rafraîchissants et mystérieux comme la séduisante Amandine, l'innocence personnifiée. La structure générale est sans aucun doute maîtrisée jusqu’à une fin qui ne pourra être que surprenante, mais ce premier album constitue l’archétype de l’introduction d’un nouveau monde. La présentation est organisée de main de maître en focalisant le propos sur les relations humaines des protagonistes, en apparence antinomiques, et sur les perturbations engendrées par le télescopage de deux générations. Les situations cocasses occasionnées par la tornade d’impertinence ressentie par les administrés des Bombinettes installent un ton humoristique léger et une ambiance qui prête plus au sourire qu’à l’hilarité générale. La force de Turf est de savoir installer une atmosphère propre à créer un cocon douillet, propice à absorber totalement le lecteur. Celui-ci devient spectateur privilégié d’un théâtre suranné et surréaliste.
Le souci du détail est poussé à son extrême avec une qualité graphique qui est devenue le sceau de l’auteur. Les formes légèrement exacerbées des personnages, sans pour autant atteindre la caricature, transformés pour dédramatiser toute situation, ajoute une petite touche de ridicule qui jamais ne tue. Les couleurs sont d’une importance capitale pour donner au décor la note pastel idéale : celle du charme. Car, charmé, difficile de ne pas l’être par l’exquise candeur d’Amandine confrontée à l’aimable et amusant nouveau vieux garçon balourd.
Le titre est beaucoup plus trompeur que celui prévu à l’origine, Sexshop, moins équivoque. Frilosité de l’éditeur ? Il laisse courir le risque d'une incompréhension de pervers pépères venus là pour la gaudriole érotique mais qui devrait disparaître à la vision de la couverture. En un sens, cela renforce l’impact de cet album se voulant doucement provocateur, mais qui se révèle être une fable paisible et rigolote. Vivement la suite : au boulot, Monsieur Turf !
Je ne suis pas le lecteur fan de Turf ce qui m'a visiblement protégé d'une déception. Ce titre n'a pas réussi à combler toutes les attentes. Il faut dire qu'on s'attendait à quelque chose de sans doute plus irrévérencieux et moins gentillet. Le titre est parfois trompeur. Point de scène de débauche mais de la poésie fantaisiste.
Pour ma part, j'ai bien aimé les dessins et les couleurs. C'est graphiquement plutôt réussi avec cette pointe de délicatesse. Il est dommage que Le scénario soit si classique : l'anticonformiste délurée qui débarque dans un village reculé pour faire commerce d'objets sexuels. Les personnages sont si caricaturaux. On aurait aimé une compensation par une avalanche d'humour.
Cependant, je dois bien avouer que les personnages de Raymond Orloff et de la belle Amandine n'en demeurent pas moins attachants. Le second tome va réserver bien des surprises...
Je partais sur un très bon état d'esprit au sujet de cette BD: jolie couverture, dessin et couleurs très plaisants. Bel "objet-livre".
Mais.... le contenu fut particulièrement déçevant: personnages caricaturaux, peu d'actions et d'interactions, un mode "bisounours" peu approprié, et des effets de styles agaçants. Pour résumé, un album beau, mais inutile et inintéressant.
Une bonne trouvaille dans ce village de Bombinette où tout le monde boit du bombinou au bar du co(i)n. Des personnages truculents, attachants et un sujet qui n'est pas du tout graveleux.
A suivre...
Quel plaisir de retrouver le trait de Turf en tout cas. Magasin Sexuel c'est un peu La Nef des Fous à la Motte-Beuvron. L'histoire est gentiment coquine, souvent drôle, jamais graveleuse (c'était pas gagné vu l'histoire), la galerie de personnages réussie et attachante. Les planches sont pleines de détails et de petites références qui font aussi le sel de cette très jolie BD. Tout cela augure un bonne série. Je reprendrais bien un petit coup de bombinettes moi !!!