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ew Fordwich, Nouvelle Angleterre. Port d'accueil des émigrés venant chercher fortune dans le Nouveau Monde en ce XIXe siècle. C'est ici que vit Nathaniel Phips, dessinateur et peintre de son état, spécialisé dans les animaux, et principalement les oiseaux. C'est aussi ici que sévit un curieux tueur de femmes. Phips croise sa route par hasard, pour son propre malheur, le surprenant en plein acte criminel. Il y laisse la vie. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais Phips ressuscite, ramené du pays des morts par un Turdus Migratorius (Merle d'Amérique) ou du moins par l'entité divine qui l'habite. Face à cette deuxième chance, Phips décide de prendre son destin en main et se mue en justicier vengeur dont le premier objectif est d'arrêter l'assassin. C'est sous les oripeaux d'un Pygargue, mal nommé Aigle d'Amérique et surtout emblème de cette dernière, qu'il se transforme en justicier nocturne. Se confrontant plusieurs fois au tueur et mourant tout autant de fois, il ressuscite, toujours grâce à son alliée ailée, afin de pouvoir accomplir sa croisade.
Ce premier album, introduction à une nouvelle série, manque singulièrement d'épaisseur. L'idée de départ, un justicier masqué, amoureux des oiseaux, aidé par une créature magique prenant l'apparence d'une femme fatale ou d'un merle inoffensif, avait pourtant de quoi intéresser. Un super-héros, mâtiné de sorcellerie, au XIXe siècle en Nouvelle-Angleterre, offrait un cadre singulier suffisamment large pour agrémenter les débats. Au dessin, Michel Constant fait le travail comme à son habitude. Las. L'album pêche dans sa construction. Le héros est à peine présenté. S'il ne meurt, la première fois, qu'à la treizième page, il n'a été introduit auparavant que par quelques cases. Même s'il a assisté au meurtre d'une femme, et au sien, il est difficile alors de s'identifier à lui et surtout de comprendre son envie subite, dès sa résurrection, de se poser en redresseur de torts. De même, il est encore plus difficile d'agréer aux aventures de cet apprenti justicier qui meurt si rapidement, à chaque rencontre avec le tueur, pour mieux ressusciter le lendemain. On rajoutera que les justifications de ce dernier sont traitées de la même manière simpliste.
La trame principale du récit apparaît bien trop légère quant aux motivations des différents protagonistes. Restent la description de l'époque et de l'éclosion de l'amour naissant entre Phips et la jeune Euphémia, mais cela ne suffit pas à tenir une histoire. En ces temps où il est difficile pour une série de durer, espérons que ces faiblesses ne se révèlent pas fatales.
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